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"Le Jeu de Mariam" inquiète les internautes en Arabie saoudite

Salman Al-Harbi, créateur de ce jeu mobile qui fait polémique, répond aux questions de L'Orient-Le Jour.

Mis en ligne le 25 juillet dernier, le "Jeu de Mariam" compte déjà plus de 400 000 abonnements, provenant principalement des pays du Golfe. Capture d'écran de Youtube

Les internautes en sont apeurés, les réseaux sociaux en parlent : en Arabie saoudite, "Le Jeu de Mariam" ne laisse personne indifférent. Mis en ligne le 25 juillet dernier, et disponible sur l'App Store et Google Play, le jeu compte déjà plus de 400 000 abonnements, provenant principalement des pays du Golfe, dont environ 319 000 basés en Arabie.

A priori, la mission du jeu semble banale : aider une fillette à rentrer chez elle. Cette dernière, se tenant devant un arrière-plan très foncé, donne l'impression d'être sortie tout droit d'un film d'horreur : teint blanc, rouge à lèvre noir et yeux maléfiques. Le jeu débute par une série de questions entre Mariam et le joueur : "Peux-tu m'accompagner chez moi?", "Veux-tu rencontrer mes parents?", etc. Le hic : ces questions deviennent par la suite de plus en plus personnelles. Mariam demande le nom du joueur, son adresse, sa profession, etc. Les internautes craignent pour leurs informations confidentielles.

Pour Salman al-Harbi, jeune chercheur saoudien en intelligence artificielle et créateur du jeu, il s'agit d'un processus tout à fait normal. "Le jeu s'adapte au joueur en face de lui. La petite fille veut créer un lien de confiance avec le joueur et ça commence par en connaître un peu plus sur sa personne, explique-t-il à L'Orient-Le Jour. Les données recueillies demeurent confidentielles et personne n'y a accès".

Pour ce qui est de la question sur l'emplacement, le jeune concepteur n'y voit aucun inconvénient. "Si je voulais réellement connaître l'emplacement exact des joueurs, j'aurai pu simplement intégrer un localisateur GPS au jeu. Il s'agit uniquement d'une question comme les autres", dit Salman al-Harbi. 

 

La question qui inquiète
Une question en particulier a bouleversé les utilisateurs de ce jeu : "Êtes-vous pour ou contre le boycott du Qatar?" Et pour cause. En juin, l'Arabie, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l'Egypte et le Yémen ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l'accusant d'entretenir des liens avec des groupes extrémistes et de se rapprocher de l'Iran. Depuis, toute expression de sympathie avec le Qatar est passible dans ces pays d'une peine pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison et une amende.

Interrogé à ce sujet, Salman al-Harbi a refusé de "discuter de questions politiques", rappelant néanmoins qu'il avait déjà supprimé la question sur le Qatar du jeu.


Beaucoup ont par ailleurs vu dans "Le Jeu de Mariam" un nouveau "Défi de la Baleine Bleue". Ce dernier est un jeu qui avait été lancé sur un réseau social russe en 2015 par des utilisateurs anonymes et qui s'est propagé dans plusieurs pays européens. Il comporte cinquante défis, chacun plus sordide que l'autre : "se percer la main", "s'asseoir sur le toit d'une tour en balançant les jambes dans le vide" et ultimement, se donner la mort afin de vivre une réincarnation. Selon l'association française E-Enfance qui lutte contre le cyber harcèlement, le cyber sexisme et les autres formes de cyber-violence, le jeu serait à l'origine de 130 suicides en Russie. En France, les autorités ont organisé une campagne de sensibilisation contre ce jeu, mettant en place une ligne d'écoute pour les adolescents.

"C'est une analogie à laquelle je m'attendais, répond Salman al-Harbi. Mon jeu est certes destiné à faire peur. Mais on ne demandera jamais aux internautes de relever des défis les mettant à risque. De plus, mon jeu est payant, il ne se faufile dans aucun réseau social". Et al-Harbi de poursuivre : "Les gens me connaissent, je ne travaille pas dans l'anonymat. Je ne me cache pas. Les gens ont peur, mais il faut qu'ils sachent que je ne cherche à nuire à personne".

 

Appels à interdire le jeu
Malgré ces assurances, sur les réseaux sociaux, c'est la panique. Des internautes ont demandé que le "Jeu de Mariam" soit banni, créant le hashtag #حظر_لعبة_مريم (interdire le Jeu de Mariam).

 

 

"Prenez garde au Jeu de Mariam ! La fin sera très mauvaise. Menaces et peur du meurtre. Ce jeu est l'autre visage de la 'Baleine Bleue'", écrit cette internaute.

 

 

"Ce jeu a des dimensions dangereuses, il faut donc s'en méfier et éviter d'ouvrir le lien", met en garde un autre. 

 

 

"On y utilise une énergie occulte comme l'hypnose et, au final, la personne exécute tout ce qui lui est demandé et ce procédé ôte toute l'énergie de son corps", s'inquiète de son côté cette internaute. 

 

 

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A priori, la mission du jeu semble banale :...