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Scan TV - Liban / médias

Dis-moi quelle chaîne tu regardes, je te dirai qui tu es...

Pour un si petit pays, nous avons un nombre non négligeable de chaînes de télévision locales. En tout cas, nous en avons assez pour plaire aux différents publics, de différentes couches sociales, de bagages culturels divergents, et surtout d’appartenances religieuses, idéologiques et politiques diverses. L’histoire de ces chaînes est semblable à celle du pays. Des hauts, des moments rares et convoités agressivement par leurs concurrents, mais surtout des bas pour certaines. 

 La plus ancienne, Télé Liban, a été la première victime d’un État en déconfiture depuis les années 70, période durant laquelle une guerre multipolaire s’est déclenchée sur le territoire libanais. La chaîne publique a rendu progressivement l’âme avec, pour toile de fond, un ballet d’obus et d’attentats, laissant derrière elle un public souffrant, jusqu’à aujourd’hui, d’une nostalgie chronique qu’aucune chaîne moderne n’a pu véritablement soulager. 

Dans les années 80, un premier bourgeon médiatique des conflits armés fait son apparition en offrant une plateforme à une composante milicienne résistant férocement à l’hégémonie syrienne et à une éventuelle implantation palestinienne. Une tentative brillante de bâillonner la « langue de bois » adoptée par le discours de la chaîne publique en procédant à la diffusion d’une idéologie spécifique à l’extrême droite avec pour dopant un bouquet de programmes avant-gardistes des plus divertissants. C’est la fameuse LBC des Forces libanaises de Béchir Gemayel. La LBC a clairement changé d’appartenance depuis, et Pierre el-Daher semble bien tenir ce royaume dont il revendique la paternité exclusive. N’empêche que cette chaîne, qui s’est largement ouverte aux pays arabes et au public en Occident, garde une certaine touche de chrétienté malgré sa volonté d’être à équidistance de tous. Face à elle, sa concurrente, la MTV, qui a vu le jour dans les années 90, financée par le clan Murr et pilotée par les jeunes Jihad et Michel Murr. La MTV a payé les frais très chers durant la tutelle syrienne et a été muselée après avoir nommé la présence syrienne au Liban par son vrai nom : l’occupation. Actuellement, elle est accusée par ses détracteurs d’être une chaîne qui snobe les couches sociales les plus démunies en prônant les valeurs occidentales, la richesse, l’opulence et la beauté relevée au bistouri sur ses écrans et parfois même la débauche dans ses programmes. Cette chaîne, qui se veut le dernier bastion de liberté pour les jeunes et pour un public sophistiqué, ne sort pourtant pas du cercle des chaînes chrétiennes proches des Occidentaux, malgré le fait qu’elle accueille en son sein des journalistes de toutes les communautés et semble prôner un seul message à travers ses programmes, celui du vivre-ensemble. 


Utopie...

La Future TV, quant à elle, semble dégringoler une pente interminable depuis l’assassinat de son patron, Rafic Hariri, en 2005. Son objectif principal semble être la retransmission des séances du Tribunal spécial pour le Liban, avec portrait de l’ex-Premier ministre accroché et visible sur tous ses plateaux. Cette oasis médiatique particulièrement affectueuse envers l’Arabie saoudite, dotée à ses débuts de moyens techniques impressionnants, reflète pour sa part la rue sunnite libanaise, notamment beyrouthine, qu’elle doit partager désormais avec la New TV, commandée par Tahsin Khayat. Cette dernière semble rouler à vitesse maximale grâce aux polémiques qu’elle ne se fatigue pas d’entretenir. Endossant le rôle du vilain petit canard des chaînes télévisées, elle passe d’une confrontation à l’autre, infatigablement belliqueuse. Financée en grande partie par les concurrents des Saoudiens, son administration est en guerre ouverte contre la Future TV. Entre la presse à scandales et les théories du complot, la NTV, qui a la plus longue introduction des infos télévisées, semble mériter le titre de chaîne polémiste. Après la Future TV et les autres chaînes embourgeoisées, elle n’a pas ménagé les deux chaînes chiites: al-Manar et la NBN, où religion, politique et endoctrinement font bon ménage à trois. Les partisans du Hezbollah et ceux du mouvement Amal, issus des quartiers les plus défavorisés de la capitale, ont été souvent acculés à venir régler leur compte devant les locaux de la NTV à chaque fois qu’elle osait s’en prendre à l’une de leurs figures adulées au charisme indéniable. Des partisans qui saccagent, certes, mais qui semblent pourtant bien apprécier, en secret, le zapping sur les chaînes libanaises où d’autres valeurs et d’autres idéologies sont largement partagées. Sanction ultime en cas de dérapage : interrompre la diffusion de la chaîne diffamatrice, comme le cas de la NTV, dans la région du public révolté. Cette dernière semblerait avoir pris la dernière leçon administrée par le Hezbollah à propos des libertés d’expression et des valeurs démocratiques au sérieux. 

La plus jeune parmi ces chaînes reste bien évidemment la rebelle, symbole de la résistance et de l’exil en France durant la tutelle syrienne, porte-parole exclusif du général Michel Aoun et des aounistes, la OTV, avec aux commandes un des gendres du chef de l’État. Toujours exaspérée et perdue dans le jeu des alliances de ses patrons qui se font et se défont au rythme des saisons, elle ferait mieux d’arborer les couleurs de l’arc-en-ciel aux dépens de l’unique orange ! Bénie par une audience dévouée jusqu’au fanatisme, cette chaîne se veut à égale distance de tous les Libanais sans exception. Mais son allégeance financière et doctrinale ne fait d’elle qu’une autre chaîne partisane parmi tant d’autres au Liban. 

La guerre semble donc ouverte entre les principaux manipulateurs des filets des télévisions afin de décrocher le titre de télé indépendante, détentrice de la vérité absolue et ultime défenseur des libertés, espérant attirer ainsi un public fatigué et désabusé qui devient de plus en plus large. Ce titre semble parfaitement utopique, car média rime avec financement et financement rime avec dépendance et allégeance. Les Libanais ne le savent que trop bien : à force de suivre une de ces chaînes fréquemment, on risque de deviner qui l’on est...


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Pour un si petit pays, nous avons un nombre non négligeable de chaînes de télévision locales. En tout cas, nous en avons assez pour plaire aux différents publics, de différentes couches sociales, de bagages culturels divergents, et surtout d’appartenances religieuses, idéologiques et politiques diverses. L’histoire de ces chaînes est semblable à celle du pays. Des hauts, des moments...

commentaires (5)

J'aime bien "Télé Liban" donc de la catégorie "nostalgie chronique". Il y a un très bon programme touristique "Mischwar bi Lubnan" qui montre le Liban touristique de son meillieur coté, les forêts (le Liban vert qui reste), les vallées, montagnes, les petits villages, la beautée du pays, et une image positive mais aussi correcte au fond. Chaque fois que je regarde ce programme je découvre un vieux temple ou une belle maison ou paysage quelque part au Liban, aussi les marchés, libraries, vieux batiments, églises, mosquées, les possibilités pour faire sport, randonner etc. Nostalgie chronique, peut-être, mais je trouve que Télé Liban montre une image correcte du Liban. L'image est positive, mais c'est normal pour un programme touristique.

Stes David

21 h 26, le 25 février 2018

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Commentaires (5)

  • J'aime bien "Télé Liban" donc de la catégorie "nostalgie chronique". Il y a un très bon programme touristique "Mischwar bi Lubnan" qui montre le Liban touristique de son meillieur coté, les forêts (le Liban vert qui reste), les vallées, montagnes, les petits villages, la beautée du pays, et une image positive mais aussi correcte au fond. Chaque fois que je regarde ce programme je découvre un vieux temple ou une belle maison ou paysage quelque part au Liban, aussi les marchés, libraries, vieux batiments, églises, mosquées, les possibilités pour faire sport, randonner etc. Nostalgie chronique, peut-être, mais je trouve que Télé Liban montre une image correcte du Liban. L'image est positive, mais c'est normal pour un programme touristique.

    Stes David

    21 h 26, le 25 février 2018

  • Et les chaînes étrangères?

    Eleni Caridopoulou

    21 h 18, le 25 février 2018

  • JE TE DIRAI QUEL FANATIQUE MOUTON TU ES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 30, le 25 février 2018

  • Madame et l’OLJ pq vous acharnez vous a qualifier les FL d’exteme Droite ?!? Pourtant Bachir et le Hakim ne vous ont ils pas montrer qu’ils ne l’étaient pas ?!? Ou c’est Pas assez ...

    Bery tus

    07 h 30, le 25 février 2018

  • il y a une chaine que je regardais mais que j'ai deserté depuis un moment, c'est la LBC... marcel ghanem est devenu un faire valoir a la clique au pouvoir...dernierement il a eu tony frangieh sur son plateau, et il a eu a coeur de perpetuer la progeniture du systeme feodal en place. Deja, je ne sais pas ce que tony frangieh a fait dans sa vie pour meriter une emission complete de kalam el nass... Ensuite le niveau de questions qui etaient posees etaient abyssimales, on dirait jacques martin a l'ecole des fans..."tu prefere papa ou maman?" quant aux reponses......"si les americains te proposent 10 millards de dollars et te demandent de te distancer du hezbolla?" reponse de l'interesse: "je prends les 10 milliard et ensuite je change d'avis et je me re-aligne avec le hezbollah"....et au lieu de lui demander de donner une reponse plus serieuse, marcel rigole a la reponse pleine de sagesse de notre kasparov national... t'en fais pas marcel, tu ne rentrera pas en tole, le systeme a encore besoin de toi

    George Khoury

    06 h 29, le 25 février 2018

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