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Liban - Gouvernement

Gouvernement : les obstacles internes continuent d’entraver le processus

Un black-out a entouré la réunion Hariri-Bassil hier soir à la Maison du Centre.

Ambiance décontractée lors de la rencontre Bassil-Hariri, hier soir, à la Maison du Centre. Photo Dalati et Nohra

La formation du nouveau gouvernement continue de buter sur des obstacles internes, dont les prolongements régionaux ne sont pas négligeables. De toute évidence, le bras de fer régional n’est pas étranger aux lenteurs calculées que met le Premier ministre désigné pour former sa nouvelle équipe.

Rien n’a filtré hier soir de la teneur des entretiens entre Saad Hariri et Gebran Bassil, qu’il avait invité à dîner. Pour des observateurs, il y avait une bonne raison pour que M. Bassil ait observé hier soir la plus grande réserve à son arrivée à la Maison du Centre. « Que pouvait-il dire ? » ont réagi ces observateurs, qui constatent que, sur les différents « nœuds » qui entravent la formation du nouveau gouvernement, aucun progrès véritable n’a été réalisé.

C’est ainsi que, selon notre correspondante politique Hoda Chedid, le climat entre le CPL et les Forces libanaises s’est à nouveau détérioré, après le discours prononcé vendredi par Samir Geagea, devant des nouveaux adhérents à son parti, dans lequel il a clairement affirmé en substance que son parti ne bradera pas son droit à s’élever contre la corruption, pour l’amour d’un portefeuille ministériel. Il s’agit d’une pointe directe lancée à M. Bassil.


(Lire aussi : Le gouvernement suspendu aux développements régionaux, le décryptage de Scarlett HADDAD)


Raisons de sécurité
Cela n’annule pas pour autant un rendez-vous annoncé, mais son programme, pour des raisons de sécurité, du chef des FL à Baabda. Encore que le problème, là aussi, bute sur une nuance de taille. Pour le chef de l’État, ce qui est négociable avec lui porte sur sa part de la formation ministérielle et ses prérogatives. En ce qui concerne le CPL, la négociation doit se faire avec M. Bassil, pas avec le président de la République, a-t-on fait savoir dans son entourage.

Aux dernières nouvelles, les FL semblent avoir compris que la vice-présidence du Conseil des ministres leur échappera, dans la mesure où le président Aoun estime qu’il est de son ressort exclusif d’y nommer la personnalité qu’il lui plaît. Les FL se seraient donc rabattues sur les quatre portefeuilles qu’elles estiment devoir leur revenir, dont un portefeuille dit régalien. Or, des quatre ministères de première importance définis (Défense, Intérieur, Finances, Affaires étrangères), seul celui de la Défense est relativement disponible, les autres étant déjà « réservés » ou inaccessibles : les Finances pour le mouvement Amal, l’Intérieur pour le courant du Futur, les Affaires étrangères pour le CPL. Toutefois, un obstacle de taille se dresse devant l’attribution de la Défense aux FL, le Hezbollah. Ce parti ne veut pas entendre parler d’une attribution de ce portefeuille, considéré comme une ligne avancée de la stratégie de défense de la résistance, à un adversaire de celle-ci. Par ailleurs, les FL réclament pour elles deux portefeuilles « de services », alors que la Santé et les Travaux publics sont déjà « réservés » aux partis représentatifs des communautés chiite et druze.


(Lire aussi : Geagea bientôt chez Aoun pour consolider la « trêve »)


Un autre nœud
L’autre nœud sur lequel bute la formation d’un gouvernement vient de la volonté pugnace du chef de l’État d’accorder au PSP seulement deux portefeuilles des trois qui reviennent à la communauté druze, dans un effort déclaré pour créer, face à Walid Joumblatt, un second leadership druze. C’est ainsi que le président Aoun souhaite que le troisième ministre druze soit Talal Arslane, ou, au pire des cas, une personnalité druze neutre bien vue des deux clans druzes en présence. Il va de soi qu’une telle logique est catégoriquement rejetée par le PSP. Plus même, ce dernier parti considère cette orientation du président à son égard comme ouvertement hostile.

On avait parlé d’une volonté de M. Joumblatt de rencontrer le Premier ministre désigné hier. Mais cette rencontre ne s’est tenue qu’entre leurs lieutenants, Waël Bou Faour et Ghattas Khoury. Ce dernier avait, samedi, rencontré à Baabda le chef de l’État.

Enfin, des revenants sunnites du régime politico-militaire des années 90, et des nouveaux venus de la proportionnelle, se croient en droit de réclamer d’être représentés dans le nouveau gouvernement par un ou plusieurs ministres. Mais le Premier ministre désigné ne l’entend pas de cette oreille et affirme que certains d’entre eux sont trop associés à l’ancienne hégémonie syrienne, qui reprend de la vigueur, et ne représentent aucun bloc homogène. Il estime donc que ce n’est pas de sa part ministérielle que doivent venir le ou les portefeuilles qui leur seront attribués.


(Lire aussi : Travaux de force, l'édito de Issa GORAIEB)


Grain de sable
Il y a aussi, dans le processus en cours, un grain de sable qui fait grincer la machine : à savoir les attributions exactes que le Premier ministre et le chef de l’État revendiquent comme leurs, dans le processus de formation du gouvernement.
C’est, semble-t-il, le souci de délimiter exactement son domaine qui a poussé M. Hariri à demander aux trois anciens chefs du gouvernement Fouad Siniora, Tammam Salam et Nagib Mikati de se retrouver chez lui samedi dernier. Fort de cet appui, on affirme dans l’entourage du Premier ministre que Saad Hariri ne reconnaît qu’une seule coutume constitutionnelle, celle de l’attribution communautaire des trois premières magistratures. On en déduit qu’il est hostile à la volonté du chef de l’État de s’attribuer l’exclusivité de la nomination du vice-président du Conseil.

En général, on affirme dans les cercles politiques proches de M. Hariri que ce dernier a été gêné par les empiétements sur ses prérogatives que s’est permis le président Aoun durant sa phase de temporisation délibérée. Il a donc réagi en conséquence, bien déterminé à réaffirmer ses « droits » qui ne sont pas moins inamovibles, à son avis, que ceux des deux autres présidents.

Selon ces milieux, en effet, on fait valoir que le président étant élu pour six ans, et celui de la Chambre pour quatre ans, il est normal que le Premier ministre s’inquiète de la vulnérabilité de son poste. Une vulnérabilité que l’initiative du député Jamil Sayyed a fait ressortir, quand ce dernier a menacé M. Hariri d’une pétition parlementaire demandant que la formation du gouvernement soit confiée à quelqu’un d’autre, qui serait signée par la moitié plus un des membres de l’Assemblée.

Certes, une pétition de cet ordre n’aurait qu’une valeur strictement politique, et certes, dans les milieux aounistes, on a affirmé la semaine dernière qu’il n’était pas question de lâcher Saad Hariri ; il reste que la menace de M. Sayyed a fait réfléchir les milieux sunnites, qui veulent s’en prémunir constitutionnellement, une fois pour toutes. La présence à la réunion de Nagib Mikati, que l’on présente comme un substitut possible à Saad Hariri, a été interprétée comme un point fort à l’actif de ce dernier.

En bref, on en est encore au point mort en ce qui concerne un nouveau gouvernement. Certes, des « trêves verbales » ont été annoncées de partout, mais la realpolitik locale empêche une telle consigne d’être respectée plus que quelques heures. Un temps de respiration pourrait être accordé au processus de formation du nouveau gouvernement, puisque dès aujourd’hui, Saad Hariri (qui doit assister à la cérémonie de promotion de son fils aîné), Nabih Berry et même Gebran Bassil seront hors du pays pour quelques jours.



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commentaires (6)

Samir Geagea vient de dire dans son discours que les FL se battront contre la corruption, cela à fâché quelqu'un qui s'est senti visé... Une histoire : Deux individus passaient devant une église, les fidèles chantaient "Alleluia". L'un des deux prit ses jambes à son cou. Pourquoi ? Parce qu'il a cru qu'ils disaient "Ah, le voilà".

Un Libanais

16 h 50, le 02 juillet 2018

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Commentaires (6)

  • Samir Geagea vient de dire dans son discours que les FL se battront contre la corruption, cela à fâché quelqu'un qui s'est senti visé... Une histoire : Deux individus passaient devant une église, les fidèles chantaient "Alleluia". L'un des deux prit ses jambes à son cou. Pourquoi ? Parce qu'il a cru qu'ils disaient "Ah, le voilà".

    Un Libanais

    16 h 50, le 02 juillet 2018

  • comme le disait si bien Dr. Moustapha Allouch : LA SEULE solution est que tous, a commencer par les 3 presidents s'en tiennent a la constitution a l'esprit & a la lettre du document. sans interpretations personnelles,finir de s'en referer a Mr. Husseini ou autres personnes presentes a taef . l'esprit du document etant tout simplement L'OBLIGATION 1ere DE FAIRE L'IMPOSSIBLE POUR LA REEDIFICATION DE LA NATION ETAT. facile a comprendre ! TRES facile.

    Gaby SIOUFI

    09 h 56, le 02 juillet 2018

  • Qu' est ce qu'ils sont cool dans la photo...!

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 57, le 02 juillet 2018

  • LE PAQUEBOT LIBAN CHAVIRE ET TOUS LES PRETENDUS OFFICIERS SONT REUNIS DANS LA SALLE A MANGER ET SE DISPUTENT SUR LE PARTAGE DU GATEAU ! QUELLE HONTE ET QUELLE IRRESPONSABILITE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 47, le 02 juillet 2018

  • Vraiment plus aucune décence ni conscience chez nos politiciens ! Le petit peuple se demande quoi manger demain...et eux, les soi-disant responsables se font photographier en tenue décontractée avec sourires tout en s'invitant à dîner ? Nous en avons marre, jusqu'à la nausée, de voir ces incapables se prélasser alors que le Liban sombre dans le néant à tous points de vue ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 17, le 02 juillet 2018

  • nous, libanais, il y a très longtemps qu'on ne croit plus au Père Noël Comme l'Iran et l'Arabie Saoudite sont des fanatiques de l'Islam, il n'y a aucun risque que le Père Noël nous visite Alors prions Dieu que notre notre tout petit pays s'en sorte face ces monstrueux pays bourrés d'argent qu'ils ne savent pas à quoi s'en servir Alors ils dispensent à des milices, comme Hezbollah une poignée de dollars pour faire tuer de jeunes libanais au Yemen, en Irak, et en Syrie ou ailleurs Et nous nous nous contentons de posséder des politiciens qui se réunissent pour prendre le peu d'argent que le pays possède. Et un futur PM qui gesticule au milieu de quatre personnages qui ne l'autoriseront à faire fonctionner l'état que selon leur desir HN, Aoun, Berry et l'innommable Bassil sont là pour veiller sur lui. Si notre PM ne s'aplati pas comme un tapis sur lequel on s'essuie les pieds, il n'aura pas son gouvernement nommé

    FAKHOURI

    06 h 59, le 02 juillet 2018

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