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Moyen Orient et Monde - Conflit syrien

La Jordanie inflexible face au flot des déplacés de Deraa

Amman a déclaré vouloir garder sa frontière fermée, malgré la présence de plus en plus massive de populations qui fuient les combats.

Un soldat jordanien surveille la frontière entre la Syrie et la Jordanie, près de la ville de Nasib, dans le sud de la Syrie, le 2 juillet 2018. Mohammad Abazeed/AFP

La Jordanie assiste avec inquiétude à la bataille se déroulant dans la région de Deraa, dans le sud syrien, à la frontière du royaume hachémite et du plateau du Golan (annexé par Israël). Cette province est l’une des dernières échappant au régime de Bachar el-Assad. Considérée comme le berceau de la révolte contre le régime syrien, elle est depuis le 19 juin la cible d’une offensive des forces loyalistes syriennes soutenues par l’aviation russe. Les affrontements ont provoqué un déplacement massif de populations du Sud syrien jusqu’à la frontière jordanienne. Selon des chiffres communiqués lundi par les Nations unies, 270 000 personnes ont fui la région depuis le début des hostilités. « 95 000 déplacés sont arrivés près de la frontière jordanienne », a affirmé hier à l’AFP le commandant de la région militaire du nord du royaume, le général Khaled al-Massaïd.

Face à ce flux de déplacés, l’ONU a appelé Amman à ouvrir la frontière. « Nous invitons le gouvernement jordanien à maintenir sa frontière  ouverte, et demandons aux autres pays de la région de recevoir les civils qui fuient », a déclaré hier Liz Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Amnesty International a également appelé le royaume hachémite à ouvrir sa frontière, qui représente pour les déplacés l’une des seules sorties vers la sécurité. « Les habitants de Deraa sont pris au piège, beaucoup de déplacés vivent dans des tentes de fortune, dans la chaleur écrasante, sans avoir suffisamment de nourriture, ni d’eau ou de soins médicaux », déplore Amnesty, qui met également en avant « la peur constante d’être touchés par des attaques à tout moment ».

Malgré ces pressions, la Jordanie ne semble pas prête à négocier la réouverture de sa frontière, fermée depuis 2015. « Amman a commencé à fermer sa frontière en 2013, pour limiter le nombre d’arrivées de réfugiés avec la prolongation du conflit syrien. Puis quand l’État islamique a pris Palmyre et des régions situées au sud de la Syrie en 2015, il y a eu une grande crainte que se mêlent des combattants de l’EI parmi les réfugiés. Cela a été la raison officielle de la fermeture de la frontière », explique à L’Orient-Le Jour Kamel Doraï, directeur du département des études contemporaines à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO). « La politique actuelle de la Jordanie s’inscrit dans celle menée il y a quelques années pour limiter le nombre de réfugiés et assurer sa sécurité en évitant que n’entrent dans le royaume d’éventuels combattants », ajoute-t-il.


(Lire aussi : Plus d'un quart de million de Syriens ont fui l'offensive du régime dans le Sud)


Aide humanitaire
Alors que le royaume hachémite a mené, dans un premier temps, une politique d’accueil des réfugiés venus de Syrie, près de 650 000 réfugiés syriens sont enregistrés aujourd’hui en Jordanie par les Nations unies. Les autorités de Amman avancent, elles, le chiffre de 1,3 million de réfugiés. Quoi qu’il en soit, ce nombre important de réfugiés couplé avec la situation économique fragile dans laquelle est plongé le royaume rend la possibilité d’un accueil de ces nouveaux déplacés quasi nulle. Les récentes manifestations de Jordaniens contre la vie chère et l’inaccessibilité aux produits de première nécessité ont rendu très sensible la question des réfugiés dans le royaume et ont abouti à la chute du gouvernement.

« Aujourd’hui, rien ne semble pouvoir faire revenir la Jordanie sur sa décision. La frontière est fermée depuis 2015 et les autorités jordaniennes ont réaffirmé fermement qu’elles ne la rouvriraient pas. Des gros moyens militaires sont en plus mis en œuvre pour faire respecter cela », déclare Kamel Doraï.Amman ne reste cependant pas les bras croisés face à cet afflux de déplacés. À l’instar d’Israël, qui apporte de l’aide humanitaire aux civils qui fuient vers le plateau du Golan sans toutefois les accueillir sur son sol, le royaume hachémite procède à des livraisons de produits alimentaires et médicaux pour les personnes bloquées à sa frontière avec la Syrie. « Il y a des liens très étroits entre le nord de la Jordanie et le sud de la Syrie, d’autant que la Jordanie est en quelque sorte habituée à distribuer de l’aide humanitaire aux réfugiés syriens par solidarité », poursuit Kamel Doraï. Le général Khaled al-Massaïd a affirmé quant à lui que 86 camions d’aide humanitaire sont rentrés dans le Sud syrien et se sont répartis sur trois points de la frontière.



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La Jordanie assiste avec inquiétude à la bataille se déroulant dans la région de Deraa, dans le sud syrien, à la frontière du royaume hachémite et du plateau du Golan (annexé par Israël). Cette province est l’une des dernières échappant au régime de Bachar el-Assad. Considérée comme le berceau de la révolte contre le régime syrien, elle est depuis le 19 juin la cible d’une...

commentaires (2)

ILS EN ONT ASSEZ ! MEME SI C,EST PRESQUE LA MOITIE DE CEUX CHEZ NOUS...

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

12 h 36, le 04 juillet 2018

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Commentaires (2)

  • ILS EN ONT ASSEZ ! MEME SI C,EST PRESQUE LA MOITIE DE CEUX CHEZ NOUS...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    12 h 36, le 04 juillet 2018

  • En voyant ce qui se passe avec les "déplacés-réfugiés" syriens chez nous, on comprend l'attitude du gouvernement jordanien, qui ne veut pas subir les mêmes problèmes ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 41, le 04 juillet 2018

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