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Liban - Coopération

Les dynamiques linguistiques francophones à l’USJ

La conférence, initiée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), a rassemblé de nombreux universitaires francophones.

La première journée d’études de l’organisme d’observation des dynamiques culturelles et linguistiques de l’OIF s’est invitée au Liban lundi dernier. Ce n’est pas un hasard mais une volonté affichée de la part de l’OIF, tant le pays symbolise l’essence même de la diversité culturelle et linguistique. De par la cohabitation de ses dix-huit communautés religieuses et la pratique quotidienne de multiples langues d’usage (l’arabe, le français, l’anglais et d’autres), le Liban est un pays profondément ancré au sein de l’espace francophone. Ce n’est pas non plus un hasard si la journée a été accueillie par l’USJ, l’université francophone par excellence du Moyen-Orient, fondée par les jésuites en 1875 et qui accueille pas moins de 12 000 étudiants.

Pour Hervé Sabourin, directeur régional de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) au Moyen-Orient, il s’agit avant tout de continuer à entretenir et faire grandir l’héritage culturel francophone dans cette région du monde, où 400 000 élèves reçoivent un enseignement en français. « Pour moi, la francophonie, c’est participer à l’édification de sociétés inclusives, dynamiques, pluralistes et ouvertes sur le monde (…) sans jamais oublier que le français est une langue porteuse de valeurs universelles, d’une humanité grandie par les diversités qui la composent », a-t-il confié lors de la cérémonie d’ouverture. 

L’AUF rassemble aujourd’hui 888 établissements francophones disséminés dans plus de 110 pays dans le monde. Autant dire que les enjeux sont de taille, dans un monde où l’ouverture à l’international des établissements supérieurs est devenue inévitable. Quelle stratégie linguistique adopter alors, notamment face à la présence quasi universelle de l’anglais? 

Pour le multilinguisme
Bon nombre d’intervenants se sont entendus pour dire que la promotion de la francophonie ne peut se faire dans la dénégation des autres langues. « Le développement équilibré du français et des autres langues est essentiel », a lancé Youma Fall, directrice du département langue française, culture et diversités de l’OIF. Toute langue constitue l’élément fondateur de l’identité d’un peuple, et il faut s’enraciner dans la sienne avant de s’ouvrir aux autres. Pour Bassam Baraké, professeur de linguistique et président de l’Université Jinan (Liban), qui ira jusqu’à dire que « le multilinguisme est un humanisme », il y a une relation indéniable entre la langue d’un individu et sa vision du monde, une corrélation réelle entre l’ouverture linguistique et l’ouverture intellectuelle. Apprendre une nouvelle langue, c’est étendre son appartenance sociale. L’immersion précoce dans plusieurs univers linguistiques est quant à elle fortement encouragée de manière médicale et scientifique : on sait désormais que la période idéale pour apprendre une autre langue que sa langue maternelle se situe entre l’âge de trois et sept ans, avant la latéralisation du cerveau qui perd ensuite en élasticité. 

Le professeur Hassan Nadir, président de l’Université française d’Égypte, a également insisté sur le rôle du multilinguisme comme position à adopter par la francophonie contre l’hégémonie écrasante de l’anglais. L’acculturation à l’anglais est un fait, mais certainement pas une fatalité, et la francophonie a son rôle à jouer, surtout au niveau local : « Il faut s’efforcer de montrer que le français a un aspect utilitaire, surtout dans le multilinguisme », a appuyé Heinz Bouillon, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain (Belgique). Cela peut par exemple se démontrer en réunion professionnelle, où chacun est invité à parler dans sa langue, tout en comprenant celle de l’autre. 

Des propositions concrètes
Parmi les propositions avancées pour resserrer les liens entre francophones, celle de la mise en place d’un « réseau estudiantin » (sorte d’Erasmus) francophone a été particulièrement appréciée. Pourquoi, peut-on se demander, la création d’un énième réseau universitaire si tant d’autres existent déjà ? Il se trouve que dans la foulée de la mise en place d’Erasmus, beaucoup d’universités ont commencé à dispenser des cours en anglais. Systématiser le contact entre francophones peut ainsi continuer à montrer la pertinence et l’importance de la francophonie. Il relève aussi du rôle de l’OIF de mettre en place des consortiums diplomants à l’échelle des régions, afin d’assurer un maillage dans la recherche francophone. 

Avec la globalisation, les langues s’avèrent par ailleurs encore plus indispensables qu’avant. « Google emploie plus de linguistes et de traducteurs que d’informaticiens », confie Adel el-Zaim, professeur canadien. « Nous ne sommes plus à l’époque de la défense de la langue française, et il s’agit désormais de miser sur des projets innovants et audacieux (utilisation des métadonnées en traduction), sans forcément copier, euh… imiter les Américains! En somme, ce n’est que dans l’originalité et l’ouverture que la francophonie pourra se maintenir. »

La première journée d’études de l’organisme d’observation des dynamiques culturelles et linguistiques de l’OIF s’est invitée au Liban lundi dernier. Ce n’est pas un hasard mais une volonté affichée de la part de l’OIF, tant le pays symbolise l’essence même de la diversité culturelle et linguistique. De par la cohabitation de ses dix-huit communautés religieuses et la...

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