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Liban - Éducation

Fayçal Sinno à « L’OLJ » : L’État doit revoir à la baisse les cotisations à la caisse de retraite des enseignants

Le président des Makassed assure que l’institution philantropique n’est pas en faillite mais qu’elle souffre d’un problème de manque de liquidités.

Lors de l’entrevue à « L’OLJ », le président des Makassed écoute le message audio d’une enseignante retraitée qui attend depuis 9 mois le versement de ses indemnités de fin de service. Photo A.-M.H.

Une bonne trentaine d’enseignants retraités des Makassed attendent depuis 9 mois d’encaisser leurs indemnités de fin de service. Mais ces fonds sont retenus par la caisse de retraite des enseignants, qui réclame 10 milliards de livres libanaises d’arriérés de paiement à l’association islamique philanthropique de Beyrouth, soit plus de 6 millions et demi de dollars. Et ce, alors que l’État doit à l’institution plus de 40 milliards de LL de subventions en retard et de loyers impayés (24 milliards de subventions aux écoles gratuites, 5 à 6 milliards de loyers, 10 à 12 milliards de la part du ministère de la Santé).
Résultat, l’Association islamique philanthropique des Makassed de Beyrouth accuse des pertes financières de 8 millions de dollars pour l’année 2017, pour un budget de 60 millions de dollars. Une situation que le nouveau président des Makassed, Fayçal Sinno, décrit à L’Orient-Le Jour comme un « manque de liquidités, et non pas une faillite, vu les sommes importantes que doit à l’institution l’État libanais ». D’autant que les Makassed « possèdent des biens immobiliers d’une valeur d’un milliard de dollars environ ».

Fayçal Sinno revient pour L’Orient-Le Jour sur ce différend avec les autorités, qui a failli aboutir début juillet à la fermeture d’une des écoles phares des Makassed à Beyrouth, et dénonce une volonté délibérée de l’État de fermer les écoles privées gratuites, autrement dit « de renforcer le secteur public au détriment de l’école privée gratuite ». Il soutient pourtant que chaque élève à l’école privée gratuite ne coûte à l’État qu’un million cinquante mille LL, contre 4 millions et demi pour chaque élève à l’école publique. Mieux encore, il invite les autorités à « revoir à la baisse les pourcentages de 12 % de salaire » versés au total par les instituteurs et les établissements éducatifs à la caisse de retraite (ou d’indemnité) des enseignants.


(Pour mémoire : Sinno annonce la réouverture de l’école Khadijat el-Koubra)


De 12 à 8 % des salaires des enseignants
 « La caisse des indemnités des enseignants dispose actuellement d’un excédent d’un trillion de livres libanaises (soit 660 millions de dollars) », révèle à L’OLJ le président des Makassed. « Cet argent n’appartient à personne. Ni à l’État, ni aux enseignants, ni aux institutions éducatives. Il est placé dans des banques. Et les indemnités de fin de service des instituteurs sont payées de l’intérêt de cet argent », constate-t-il, faisant état d’« une erreur monumentale ». Pour Fayçal Sinno, cet excédent est la preuve que le pourcentage de 12 % de chaque salaire versé à la caisse de retraite des enseignants à la fin du mois par les enseignants et les établissements (chaque enseignant verse 6 % de son salaire, et chaque établissement verse 6 % du salaire de chaque enseignant) « est trop important et devrait être revu à la baisse », compte tenu que « l’excédent est énorme et augmente régulièrement ». « Je propose que ce pourcentage soit réduit à 8 %, soit 4 % pour chaque partie », affirme-t-il, dans un « message direct aux autorités ». Ramener à 8 % les cotisations mensuelles à la caisse permettrait aux enseignants de mieux vivre, en injectant de l’argent dans un marché en crise, estime M. Sinno. Cela permettrait surtout aux institutions scolaires privées en crise de rembourser les sommes qu’elles doivent et de mieux s’adapter à la loi 46 sur l’échelle des salaires.
À l’instar de nombre d’institutions éducatives du pays qui ont développé un réseau d’écoles caritatives, les Makassed font aujourd’hui face à « deux pressions financières ». D’abord « les retards de paiement (de 4 ans) des subventions » dues par le ministère de l’Éducation aux écoles dites gratuites. Et ensuite « les trop importantes cotisations mensuelles » que toute école privée doit à la caisse de retraite des enseignants. « Nous avons 5 ans d’arriérés de paiement à la caisse. Nos professeurs à la retraite sont aujourd’hui pris en otage et n’ont pas encaissé leurs indemnités de fin de service dues depuis 9 mois. Ce qui est contraire à la loi, regrette le président de l’institution caritative. Nous cotisons pourtant depuis plus de 40 ans, et nos enseignants ont payé la totalité de leur dû à cette caisse. » Et d’observer que la finalité de la caisse des retraites est de protéger les enseignants et non pas de les sanctionner.

Mettre à contribution municipalités et parents d’élèves
Depuis l’annonce de la fermeture de l’établissement scolaire beyrouthin Khadija el-Koubra, les Makassed ont reçu une subvention étatique d’urgence de 5 milliards de LL, soit 80 % de la subvention due pour l’année 2014. Elles ont aussi reçu « des donations de particuliers, mais aucune aide d’États », ce qui leur a permis d’annoncer la réouverture de leur école de Aïcha Bakkar et de réembaucher leurs enseignants licenciés. « C’est une école très importante qui scolarise 850 élèves, emploie 80 enseignants et présente un taux de réussite de 100 % au bac, affirme M. Sinno. Par la même occasion, l’État a payé 75 milliards de LL de subventions aux autres institutions privées. »
À ces pressions, s’ajoute un nouveau défi depuis août 2017, la nécessité d’appliquer la loi 46 sur la grille des salaires. « Cette loi a été adoptée à des fins électorales », regrette-t-il, martelant que « les six échelons exceptionnels sont une pure invention sans fondement, car la loi avait pour objectif de rectifier une erreur d’appréciation entre les enseignants du public et ceux du privé ». Pour l’heure, les Makassed « appliquent partiellement la nouvelle législation, sans les six échelons ». Quoi qu’il en soit, et dans un objectif de poursuivre leur mission, elles mettent à contribution les municipalités et les parents d’élèves pour combler les pertes financières de leurs écoles gratuites. Sans compter que certaines institutions scolaires de l’association islamique de bienfaisance deviendront payantes. « L’école primaire de Khadija el-Koubra devrait suivre cet exemple dès l’année scolaire 2019-2020 », promet le président.
Des décisions qui viendront s’ajouter aux solutions globales qu’étudie Fayçal Sinno pour l’association, avec l’aide de cinq conseillers, dont certaines privilégient la lutte contre le gaspillage et la corruption.


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