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Liban - Liban

Gouvernement : à Baabda, Hariri « plus optimiste que jamais »

Reçu par le chef de l’État, le Premier ministre désigné a présenté deux formules portant sur la répartition des portefeuilles entre les blocs parlementaires.

Michel Aoun et Saad Hariri à Baabda hier. Photo Dalati et Nohra

Comme prévu, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, s’est rendu hier au palais de Baabda pour un entretien avec le chef de l’État, Michel Aoun. La discussion a tout naturellement porté sur le processus de formation du nouveau cabinet qui continue de buter sur plusieurs obstacles, notamment le différend opposant le Courant patriotique libre (CPL) aux Forces libanaises (FL) au sujet de leurs quotes-parts respectives au sein de la future équipe ministérielle. À cela s’ajoute la querelle entre le Parti socialiste progressiste et le Parti démocrate libanais de Talal Arslane, le premier tenant à désigner les trois ministres druzes dans une formule de trente.

S’exprimant à l’issue de l’entretien (intervenu peu de temps après un tweet dans lequel     Michel Aoun a espéré une formation rapide du cabinet), le Premier ministre a tenu – comme d’habitude – à afficher son optimisme quant à une formation rapide de son équipe, à laquelle certains s’attendent avant le 1er août. M. Hariri a même été jusqu’à se dire « plus optimiste que jamais ». Faisant état d’une « atmosphère positive », il a évoqué « un début de déblocage ».

Il a, par ailleurs, fait savoir qu’il pourrait revenir à Baabda dans les deux prochains jours (peut-être demain vendredi), assurant qu’aucun désaccord n’existait avec le chef de l’État et qu’ils collaborent ensemble dans l’intérêt du pays. Une allusion à peine voilée à la guerre des prérogatives à laquelle Baabda et le Grand Sérail se sont livrés mardi autour de la gestion officielle du dossier des réfugiés syriens présents au Liban, quelques jours après une proposition dans le cadre de l’initiative présentée par Moscou à l’issue du sommet avec les États-Unis à Helsinki. Ce dossier a du reste été évoqué par les deux hommes durant leur entretien, qui intervient à la veille de l’arrivée aujourd’hui à Beyrouth de l’émissaire russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, à la tête d’une délégation diplomatico-militaire formée de 13 hauts responsables, dont des représentants des ministères russes des Affaires étrangères et de la Défense. Le diplomate russe doit s’entretenir à Baabda avec le président Aoun et le Premier ministre désigné, en présence du ministre de la Défense, de responsables du palais Bustros et des chefs des services de sécurité, dont le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, chargé de ce dossier. Ce dernier s’est d’ailleurs entretenu hier à ce sujet avec une délégation russe à Beyrouth présidée par l’attaché militaire par intérim, Denis Khitryy.

« Nous nous sommes mis d’accord pour unifier nos positions au sujet du retour des réfugiés », a déclaré M. Hariri. Il a également saisi l’occasion de sa rencontre avec Michel Aoun pour répondre aux appels lancés récemment dans certains milieux proches du Hezbollah pour revenir sur la décision de lui confier la formation du gouvernement. « La Constitution est très claire en ce qui concerne la formation du gouvernement », a-t-il assuré. « Personne n’a le droit d’y intervenir. D’autant que c’est moi qui forme l’équipe ministérielle en collaboration avec le président de la République. Point à la ligne. » « Ceux qui appellent à me retirer cette mission ne veulent du bien ni au chef de l’État ni à moi », a encore dit Saad Hariri.


(Lire aussi : La normalisation Beyrouth-Damas, une requête pour rééquilibrer les rapports de force en Syrie)


Sayyed revient à la charge
Jamil Sayyed, député de Baalbeck-Hermel proche du Hezbollah, s’en était violemment pris hier à M. Hariri, via son compte Twitter. Critiquant le communiqué publié mardi par le bureau de presse du Premier ministre, et selon lequel ce dernier n’est contraint par aucun délai pour la formation de son équipe, M. Sayyed s’est adressé à M. Hariri en ces termes : « 112 députés vous ont chargé de former le cabinet au nom du peuple, chrétiens, sunnites, chiites et druzes. Vos propos ne sont pas une preuve de courage, mais une insulte faite aux députés, au pays et aux gens. Si votre responsabilité à l’égard du peuple ne vous oblige à mettre sur pied votre équipe, c’est votre éthique qui devrait vous pousser à le faire ». Des propos auxquels Saad Hariri a répondu depuis Baabda : « Jamil Sayyed m’a attaqué, mais je ne vais pas répondre à une personne comme lui. Mais je veux dire que celui qui porte atteinte à la présidence du gouvernement porte atteinte à lui-même. »De son côté, Sami Fatfat, député de Denniyé, a écrit sur Twitter à l’adresse du député de Baalbeck-Hermel : « Le peuple vous a élu pour respecter la Constitution et les gens. Les tentatives de porter atteinte à la Constitution et à l’accord de Taëf visent à attiser les discordes communautaires, chose à laquelle vous avez toujours excellé. » « Les propos de Jamil Sayyed nous rappellent les agissements sécuritaires de la période de la tutelle syrienne à laquelle il rêve de revenir », a encore dit M. Fatfat, avant de poursuivre : « Le non-respect de la Constitution est une tentative de porter atteinte à Taëf, il s’agit là d’une insulte faite à tous les Libanais et une atteinte à leur sécurité et à leur stabilité. Au faîte de votre force, vos menaces n’ont servi à rien. Elles ne le feront ni aujourd’hui ni demain. » Quant à Dima Jamali, députée de Tripoli (Futur), elle a été encore plus loin : « Les propos de Jamil Sayyed sont inutiles, tout comme sa présence à n’importe quel poste. Si seulement il se rappelait que nous ne vivons plus l’ère de la tutelle (syrienne) dont il est toujours le symbole », a-t-elle dit sur Twitter.


(Lire aussi : Guerre des prérogatives entre Baabda et le Grand Sérail)


Deux formules
Si Saad Hariri n’a pas remis au président Aoun une nouvelle mouture gouvernementale, il reste que la rencontre des deux hommes – la première depuis le 28 juin dernier – revêt une importance certaine.

Des sources bien informées indiquent à L’Orient-Le Jour que le Premier ministre a remis au chef de l’État deux formules portant sur la répartition des portefeuilles ministériels entre les blocs parlementaires, ainsi que des alternatives à ce partage. À la faveur de cette réunion, une nouvelle phase de contacts devrait être lancée par Saad Hariri, ajoute-t-on de même source, faisant savoir que ce sont surtout le PSP et le tandem CPL-FL qui seront au centre des prochains efforts de M. Hariri, d’autant qu’il a présenté à Michel Aoun des solutions pour surmonter les obstacles druze et chrétien empêchant encore le cabinet de voir le jour.

Dans certains milieux proches des joumblattistes cités par notre correspondante Hoda Chédid, on indique que lors la rencontre d’hier Saad Hariri a tenté de consacrer sa proposition prévoyant trois ministres druzes au PSP et quatre aux FL, notant que cela reste tributaire de l’approbation de Michel Aoun et du CPL.


(Lire aussi : Le cabinet dans les limbes, les craintes d’une dérive présidentialiste persistent)


Le CPL à Aïn el-Tiné
Mais en dépit de ces développements, le président de la Chambre, Nabih Berry, est toujours pessimiste. C’est en tout cas l’impression qui se dégage des propos qu’il a tenus hier. S’exprimant dans le cadre des audiences du mercredi tenues en présence des députés aounistes Alain Aoun, Salim Aoun et Simon Abiramia, M. Berry a déclaré n’avoir aucune nouvelle au sujet des tractations gouvernementales. Il a, toutefois, insisté sur l’importance de former une équipe ministérielle au vu de la gravité de la situation socio-économique difficile que traverse le pays, soulignant la nécessité pour le Liban de respecter ses engagements internationaux, notamment ceux liés à la conférence dite CEDRE tenue à Paris le 6 avril dernier.

Interrogé par L’OLJ au sujet de la présence de députés CPL à Aïn el-Tiné en dépit de tous les désaccords avec le chef du législatif, Alain Aoun, député CPL de Baabda, semble soucieux de ne pas amplifier la portée politique de cette action. « Nos rapports avec M. Berry ne sont pas rompus », souligne-t-il, notant que son parti entretient une relation institutionnelle avec le président du Parlement.  À une question sur les négociations en vue de la mise sur pied du cabinet, M. Aoun répond en se contentant de préciser que M. Hariri poursuit ses contacts avec tout le monde, notant que le CPL compte sur lui pour défaire les nœuds empêchant encore le cabinet de voir le jour.

En attendant l’issue de ces contacts, les parties concernées, notamment les joumblattistes et les FL, campent toujours sur leurs positions respectives. Le Rassemblement démocratique réuni hier sous la présidence de Teymour Joumblatt, député du Chouf, a appelé à « aborder les demandes gouvernementales d’une manière logique et pragmatique, loin des équations de blocage et des logiques de majorité et de minorité ».

Quant aux FL, elles ont réitéré hier, par la bouche de Wehbé Katicha, député du Akkar, leur attachement à cinq ministres, estimant – dans un entretien accordé à l’agence al-Markaziya – que les rumeurs portant sur quatre portefeuilles qui leur seraient accordés s’inscrivent dans le cadre des tractations politiques et ne sont pas réalistes.

C’est dans le même cadre que s’inscrivent des propos tenus hier par le ministre sortant de la Santé, Ghassan Hasbani, qui a défendu le bilan des ministres FL au sein du gouvernement. « Au niveau politique, on attaque la performance des FL, alors que leurs ministres ont accompli un travail honnête qui devrait servir d’exemple et s’appliquer au niveau du gouvernement », a estimé M. Hasbani, dans un entretien accordé à Télé-Liban.



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commentaires (6)

HIHIHI HAHAHA

FAKHOURI

14 h 36, le 26 juillet 2018

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Commentaires (6)

  • HIHIHI HAHAHA

    FAKHOURI

    14 h 36, le 26 juillet 2018

  • Jadis, les chauffeurs de bus publics qui servaient la navette Jounieh-Beyrouth, écrivaient sur le fronton de leur véhicule : "Ya sa'irat bi qodrat Mawlaki, siri fa aynou Allaha taraaki" (Toi qui circule par la volonté de de ton Seigneur, circule, l'oeil de Dieu te surveille°. Ainsi nous, qui lisons tous les jours le disque de Saad Hariri depuis le 7 mai, nous disons la même chose pour la "bosta Liban". Quant Saad Hariri nous lui disons : Composez aujourd'hui avant demain le gouvernement sans tenir compte de l'obstruction du CPL du ministre des Récréations étrangères et du PSP de la girouette Walid Joumblatt.

    Un Libanais

    12 h 50, le 26 juillet 2018

  • par contre moi je suis pret a donner un GROS bonbon a celui qui saurait expliquer jamil sayyed. meme 2 gros bonbons !

    Gaby SIOUFI

    10 h 25, le 26 juillet 2018

  • On n'arrête pas de dire que certains partis politiques bloquent la naissance du gouvernement à cause de leurs exigences. M. Hariri devrait détailler devant le peuple les chicanes imposées par les partis afin que les libanais jugent de la pertinence/impertinence des demandes des uns et des autres. Demain on reçoit la délégation russes; la qualité des discussions aurait été supérieur si le gouvernement était déjà en place. Par ailleurs, si tous seront au gouvernement quid de l’opposition? Je pense que le Liban aura un système de gouvernement inédit où la majorité et l'opposition vont se confronter alors qu'ils sont derrière le volant et non pas au parlement comme c'est le cas dans les autres démocraties. Pauvre Liban il mérite d'être gouverné un peu mieux que ça. Quant aux libanais ils ne peuvent pas se plaindre car ceci est leur choix, à fois réitérées, depuis des décennies, ils élisent les mêmes et ils s'attendent à des miracles.

    Shou fi

    10 h 02, le 26 juillet 2018

  • Monsieur Saad Hariri, de grâce cessez de nous donner des bonbons pour nous faire patienter ! Agissez pour le bien du Liban avant tout, et laissez les mal-intentionnés ronger leurs ongles. Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 21, le 26 juillet 2018

  • COUPER LE NOEUD GORDIEN TISSE PAR LE CPL EST UNE NECESSITE ET UN DEVOIR ABSOLUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 52, le 26 juillet 2018

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