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Liban - Réfugiés syriens

Réfugiés syriens : Aoun appelle l’ONU à soutenir le plan de rapatriement de Moscou

Hariri a clairement fait savoir aux membres de la délégation russe que le Liban n’établira aucune communication directe avec le régime syrien.

Le chef de l’État en compagnie de Pernille Kardel, hier, à Baabda. Photo Dalati et Nohra

Avec la visite au Liban jeudi dernier de la délégation diplomatico-militaire russe chargée de coordonner le modus operandi du rapatriement des 890 000 réfugiés syriens, le compte à rebours semble avoir commencé, du moins en matière d’organisation et de logistique à mettre en place par les États concernés par ce processus. Dans ce cadre, le Liban est sollicité à mettre en place un comité chargé de coordonner avec la partie russe cette opération complexe à plus d’un égard et de définir une vision et un plan d’action pour le retour qui sera organisé à partir du Liban. C’est un modèle similaire qui sera également adopté en Jordanie notamment qui s’apprête de son côté à intégrer le processus.
Selon des sources qui suivent de près ce dossier, le rapatriement se ferait en deux phases : les réfugiés seraient d’abord installés dans des camps d’accueil en territoire syrien, avant d’être répartis, une fois les conditions réunies, vers leurs foyers. En outre, l’Église russe orthodoxe pourrait intervenir auprès de l’Église de la même communauté en Syrie pour intercéder entre sunnites et alaouites dans le cadre d’une opération de réconciliation. À l’issue du sommet d’Helsinki, qui a réuni dernièrement les président russe, Vladimir Poutine, et américain, Donald Trump, Moscou a fait savoir qu’il préparait un plan commun pour le retour des réfugiés syriens vers les lieux où ils habitaient avant le début du conflit. Un général russe a indiqué que des centres seraient ouverts 24 heures sur 24 en Jordanie et au Liban, et que des plans détaillés des mouvements des réfugiés de la Jordanie, du Liban et de la Turquie vers la Syrie seraient établis. Il a affirmé que ces centres commenceraient à opérer à partir du 30 juillet. Selon des déclarations russes, quelque 30 000 réfugiés syriens installés au Liban seulement souhaitent y rester, mais tous les autres seraient prêts à regagner leur pays.


(Lire aussi : Près d'un millier de réfugiés syriens s'apprêtent à quitter Chebaa pour rentrer chez eux)


Cartographie
La réunion générale qui a regroupé jeudi les principaux pôles libanais avec les responsables russes, en présence du ministre sortant de la Défense Yaacoub Sarraf, du commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, et du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a permis un échange d’idées autour des modalités d’exécution. Selon une source qui suit de près ce dossier, la partie russe a informé ses interlocuteurs libanais « avoir déjà établi une cartographie de près de 90 régions vers lesquelles les réfugiés pourraient retourner avec des garanties à l’appui ».
Dans le cadre des garanties d’un retour sûr sur lesquelles travaille actuellement la partie russe en coordination avec le régime syrien, un projet aurait été envisagé par Moscou consistant à « demander à l’Église orthodoxe de Russie de coordonner avec les institutions religieuses de la même communauté en Syrie pour les inciter à remplir un rôle de médiation dans le processus de réconciliation », révèle la source précitée qui précise toutefois qu’il s’agit encore d’une ébauche de projet qui reste à confirmer.
De son côté, le Liban est appelé à plancher via un comité technique sur la logistique à mettre en place, l’identification des régions libanaises prioritaires concernées par le retour et où la pression des réfugiés se fait le plus sentir, et à en rendre compte à la partie russe.
Selon un expert, ce comité pourrait être appelé à potentiellement devenir « politico-diplomatique, dans la mesure où l’aspect diplomatique ne pourra pas être éludé, d’autant que l’Europe, plus particulièrement la France et l’Allemagne, s’est engagée à financer, sur le plan humanitaire, le rapatriement de ces réfugiés », commente encore la source. Le côté sécuritaire sera dévolu à la Sûreté générale qui a une connaissance approfondie de ce dossier, et qui a déjà initié plusieurs opérations de rapatriement de petite envergure.


(Lire aussi : Le Liban et l’initiative russe : une occasion à ne pas rater, le décryptage de Scarlett HADDAD)


La source précitée croit également savoir que parmi les idées qui font actuellement leur chemin, figure celle de mettre en place, « dans une période transitoire, des centres d’accueil provisoire dans des zones syriennes frontalières notamment, en attendant que les chantiers de reconstruction soient lancés dans les régions dévastées et que les conditions sécuritaires et autres aient été entre-temps assurées ». Une information que confirme par ailleurs George Chaabane, le conseiller du Premier ministre Saad Hariri pour les Affaires russes, signalant que « des centres d’accueil sont également envisagés à l’intérieur de la Syrie ».En attendant, la délégation russe, qui doit poursuivre ses consultations avec la Turquie où elle devait se rendre hier, « reviendra à Beyrouth avec une proposition plus élaborée après avoir fait le tour de la question » et obtenu l’aval des Nations unies et les fonds nécessaires sollicités auprès des États-Unis et de l’Europe « pour financer l’opération de retour, mais aussi le processus de reconstruction », a indiqué M. Chaabane.
De son côté, le ministre sortant pour les Affaires des réfugiés, Mouïn Merhebi, a expliqué que le comité technique devra définir la logistique à mettre en place, « ce qui suppose un minimum de coordination avec les autorités syriennes sur les plans logistique et sécuritaire ». M. Merhebi a toutefois écarté toute possibilité d’ouvrir des canaux de communication « directs » avec la Syrie, précisant que M. Hariri a réitéré cette position « plus de six fois devant ses interlocuteurs russes ».


(Lire aussi : Paroles de réfugiés syriens à Ersal : « Je sais parfaitement, et mieux que l’ONU, de quoi le régime syrien est capable »)

Le rôle de l’ONU
Il reste que l’ONU, par le biais du Haut-Commissariat des réfugiés (HCR), ne s’est toujours pas prononcée sur le rôle que ce dernier pourrait avoir dans le cadre de l’opération de rapatriement, le HCR s’étant contenté d’exprimer jusqu’ici sa « disposition à coordonner avec les États concernés afin de garantir les conditions humanitaires requises d’un tel retour », comme le rappelle une source autorisée. Et de souligner que le HCR attend d’en savoir un peu plus sur les détails de la proposition russe qui sera longuement évoquée lors de la réunion prévue, les 30 et 31 juillet, à Sotchi, à laquelle prendra part l’organisation onusienne.
Hier, le chef de l’État, Michel Aoun, a appelé les Nations unies à soutenir le plan de Moscou de rapatriement de près d’un million de réfugiés syriens. « Nous avons salué l’initiative russe car elle assure le retour dans leur pays de 890 000 réfugiés syriens installés au Liban », a déclaré le chef de l’État à l’issue de son entretien avec la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Pernille Dahler Kardel, reçue au palais de Baabda. M. Aoun a ajouté que le Liban allait créer un comité de suivi avec les Russes pour examiner les modalités techniques de ce rapatriement. « Nous espérons que l’initiative russe bénéficiera du soutien des Nations unies afin de mettre fin aux souffrances de ces réfugiés », a ajouté M. Aoun. De son côté, Mme Kardel a indiqué que l’ONU « reste engagée dans son partenariat complet avec le Liban afin de préserver sa sécurité, sa stabilité, et de l’éloigner des hostilités dans son voisinage ». M. Aoun a par ailleurs évoqué la question du rapatriement des réfugiés avec l’ambassadeur de France, Bruno Foucher. Le Liban accueille près d’un million de réfugiés syriens, inscrits comme tels auprès de l’ONU. Depuis avril dernier, quatre opérations de retour volontaire de centaines de réfugiés ont été organisées par la Sûreté générale en coordination avec le régime syrien, qui approuve au préalable les noms des réfugiés, Aujourd’hui, une cinquième opération de rapatriement est prévue à partir du poste-frontière de Masnaa. Plus d’un millier de réfugiés, dont 182 installés dans les régions de la Békaa et plusieurs centaines à Chebaa, s’apprêtent à reprendre le chemin du retour. Les convois devront converger au poste-frontière de Masnaa.


Pour mémoire
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La foire aux réfugiésl'éditorial de Issa Goraieb

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Avec la visite au Liban jeudi dernier de la délégation diplomatico-militaire russe chargée de coordonner le modus operandi du rapatriement des 890 000 réfugiés syriens, le compte à rebours semble avoir commencé, du moins en matière d’organisation et de logistique à mettre en place par les États concernés par ce processus. Dans ce cadre, le Liban est sollicité à mettre en place...

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le plan ou le projet de plan ? Ou le soupçon de frémissement d'un possible projet de plan ?

yves kerlidou

09 h 40, le 28 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • le plan ou le projet de plan ? Ou le soupçon de frémissement d'un possible projet de plan ?

    yves kerlidou

    09 h 40, le 28 juillet 2018

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