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Liban - Écotourisme

Sur le dernier sentier de Jabal Moussa, la boucle est désormais complète

Une piste de 2 kilomètres est le dernier chaînon manquant au parcours qui entoure la montagne.

Le nouveau chemin inauguré porte le très joli nom de « sentier des violettes ». Photos Clément Di Roma

À l’entrée de la réserve de Qehmez, les guides de l’association Jabal Moussa, vêtues des chemises marron avec l’emblème de l’association, attendaient de pied ferme leur 150 invités. Au programme : une randonnée inaugurale du sentier des violettes. La courte piste de 2 kilomètres, achevée pour le dixième anniversaire de l’association pour la protection de Jabal Moussa (APJM), était le dernier chaînon manquant à la grande boucle de chemins qui entourent la montagne. « Ils sont maintenant au complet et connectés à une dizaine de petits villages à travers la montagne », explique Joëlle Barakat, responsable de la conservation du patrimoine de Jabal Moussa. « Avec ce quinzième sentier, on réunit enfin les villages de Broqta à Qehmez », précise-t-elle, lors de cette randonnée qui a été suivie d’une cérémonie, vendredi.Les heureux invités randonneurs pour l’inauguration sont divisés en petits groupes avant de rejoindre, en bus, l’entrée du sentier rocailleux.Sous un soleil de plomb, Tania Ballane, responsable de l’écotourisme, accompagne un petit groupe à la découverte de ce dernier chemin. « Le chêne chevelu et le genévrier blanc sont deux arbres très rares au Liban, qu’on peut trouver sur ce segment », explique la guide pendant la première courte pause accordée aux randonneurs. 


Où viennent jouer les sangliers...
 « Ce tronçon est très bien connecté aux autres, ce qui permet de réaliser de petites boucles à l’intérieur de notre grande boucle, qui est de 18,6 km », ajoute-t-elle, après s’être arrêtée près d’une mare de boue où viennent jouer les sangliers. « Au printemps, cette piste sera l’une des plus belles du Liban, avec ses parterres de violettes, ses pivoines et ses arbres en fleur », affirme la guide, qui ne manque pas de souligner l’extraordinaire diversité de la faune et de la flore qui prospèrent dans la réserve. « Sur ce dernier sentier, il y a des courants de vents thermiques très appréciés des oiseaux rares », explique Tania Ballane, devant le nid de l’une des espèces, construit à même la roche.

Chaque année, Jabal Moussa, protégé par le programme « L’homme et la biosphère » de l’Unesco, accueille quelque 22 000 randonneurs. Véritable havre de paix et de nature au milieu d’un Liban où les désastres écologiques s’accumulent, d’impressionnantes vues et les sentiers escarpés font de ces 6 500 hectares un refuge privilégié pour la faune et la flore. Et en contrebas de la piste, il est possible d’observer des inscriptions antiques, gravées dans d’énormes rochers par l’empereur romain Hadrien. « Ce sont les noms des arbres à ne pas détruire dans cette forêt », selon Tania Ballane. Joëlle Barakat explique que Jabal Moussa a longtemps été un lieu de culte, prisé par les Phéniciens et les Romains.


(Lire aussi : À Jabal Moussa, l’acrobatique réhabilitation des maisons traditionnelles)



« I walked the loop »
Avec un total de quinze pistes maintenant ouvertes au public, les milliers de randonneurs annuels, dont une grande majorité de Libanais, ont une excellente raison d’échapper aux jungles urbaines pour s’enfoncer dans les monts et les vallées de Jabal Moussa.
 « Il est possible de faire la boucle complète en une dizaine d’heures, si on est très bon marcheur », précise Tania Ballane, qui travaille toute l’année avec 21 de ses collègues guides pour faire découvrir les différents sites aux visiteurs.
Pour Joëlle Barakat, le sentier des violettes « représente des opportunités pour les commerces locaux et favorise le développement de chambres d’hôte ou de restaurants ». Les produits de la région sont mis en valeur par l’association et des emplois de gardes et de guides sont créés en fonction des besoins de la réserve.


(Pour mémoire : Jabal Moussa, une montagne pérenne « plus forte que le feu »)


Selon Pierre Doumet, président de l’APJM, l’essentiel pour préserver Jabal Moussa est de continuer à « travailler main dans la main avec les habitants, car c’est sur eux que le développement de cette montagne repose, pas sur le gouvernement qui ne fait rien pour la nature ». Et pour la responsable de la conservation du patrimoine, les visiteurs sont indispensables, « car si personne ne se rend compte de la beauté de Jabal Moussa, rien n’est protégé. Une fois qu’on a marché sur ces sentiers, on devient des ambassadeurs du lieu ». Joëlle Barakat précise qu’avant l’entrée dans le programme de l’Unesco en 2009, la priorité de ces guides et amoureux de la nature était « de protéger de l’homme, mais aujourd’hui, c’est avec l’homme qu’on veut avancer ». Le président de l’association veut que Jabal Moussa ne soit pas perçu seulement comme une montagne protégée, mais « comme une aire aussi protectrice de nos traditions, de notre héritage et de notre identité ».

Khalil Fattal, membre du Cercle des grands amis de Jabal Moussa, souligne à son tour le rôle précurseur de l’APJM et appelle les personnes présentes à être ses ambassadeurs actifs au Liban et à l’étranger. « Les aspirations de l’association sont illimitées et de pareilles initiatives démontrent sa détermination à aller jusqu’au bout », insiste-t-il.Au terme de la cérémonie, des certificats d’appréciation avec l’inscription I walked the loop (J’ai bouclé la boucle) ont été décernés à dix activistes écologistes et athlètes qui ont effectué le parcours complet des sentiers qui s’étendent sur 19 km dans la montagne. Un court-métrage a également été visionné pour montrer au public ce parcours, dont les sentiers latéraux. Les sentiers touristiques de la réserve sont au nombre de 15. Les participants ont ensuite dégusté des plats locaux préparés par les propriétaires des maisons d’hôte et des dames de la région.


Pour mémoire
De Kehmez à Kornet el-Mzar, une faune et une flore d’exception


À l’entrée de la réserve de Qehmez, les guides de l’association Jabal Moussa, vêtues des chemises marron avec l’emblème de l’association, attendaient de pied ferme leur 150 invités. Au programme : une randonnée inaugurale du sentier des violettes. La courte piste de 2 kilomètres, achevée pour le dixième anniversaire de l’association pour la protection de Jabal Moussa...

commentaires (5)

Il faut faire la publicité à l'étranger

Eleni Caridopoulou

17 h 45, le 27 août 2018

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Commentaires (5)

  • Il faut faire la publicité à l'étranger

    Eleni Caridopoulou

    17 h 45, le 27 août 2018

  • Ces projets suffisent ils a couvrir les crimes de ceux qui s'acharnent sur nos massifs montagneux, les decapitants pour en monnayer leur majesté aux mieux offrants des promoteurs immobiliers. Hélas non !

    Naayem Francoise

    04 h 03, le 31 juillet 2018

  • En tant que Kesrouanais, voyant tous les panneaux rédigés en arabe et anglais sans le français et n'étant pas anglophone je ne mettrai jamais les pieds à Jabal Moossy.

    Un Libanais

    12 h 35, le 30 juillet 2018

  • Bravo, bravo, bravo et merci pour ce magnifique projet. Des randonnées pédestres accessibles à tous avec bonne condition physique, et selon le degré de difficulté. En espérant que sur les 10,452 km2 qui « restent » d'autres réserves écologiques et intelligentes voient le jour.

    Nadine Naccache

    09 h 21, le 30 juillet 2018

  • ENCORE FAUT-IL TRANSFORMER LES LIBANAIS EN AMATEURS ET PRESERVATEURS DE LA NATURE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 37, le 30 juillet 2018

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