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Spécial Banques - Juillet 2018

Banque Libano-Française : L’économie libanaise peut doubler de taille si l’État est réformé

Walid Raphaël, président-directeur général de la BLF, évoque une politique de croissance maîtrisée se traduisant par une prudence dans la prise de risque et le maintien d’une liquidité élevée.

Walid Raphaël, président-directeur général de la BLF.

Comment évaluez-vous la performance du secteur bancaire libanais à la fin du premier semestre de 2018 ?

Rappelons que le secteur bancaire a réalisé une bonne performance en 2017, malgré la crise de novembre suite à la démission surprise du Premier ministre Hariri ; le secteur a clôturé l’année avec une croissance des crédits de 4,4 % et une croissance des dépôts de 3,9 %.

Le premier semestre de 2018 a été marqué par l’organisation des élections législatives et l’attente de la formation d’un gouvernement ainsi que l’attente d’un éclaircissement de la situation régionale. Dans ce contexte, les dépôts ont enregistré une croissance satisfaisante de 2,2 % pour les 5 premiers mois de 2018, similaire à la croissance des 5 premiers mois de 2017. Par contre, la croissance des crédits est négative de -0,4 % à fin mai 2018, conséquence à la fois de l’épuisement de l’enveloppe des crédits subventionnés pour le logement, d’un attentisme des acteurs économiques qui retardent leurs projets d’investissement et du ralentissement de l’économie.

Il faut souligner que depuis Paris III, le secteur bancaire a multiplié par 3 le financement accordé au secteur privé qui est passé de 20 à 60 milliards de dollars entre fin 2007 et fin 2017, ce qui représente plus de 110 % du PIB. Ce même ratio s’établit à 61 % dans le monde arabe et 97 % au niveau européen.

Les banques continuent par ailleurs de consolider leurs fonds propres qui ont atteint 20,7 milliards de dollars à fin mai 2018, soit 9 % du total bilan, un niveau élevé qui traduit un levier conservateur.

Y a-t-il un risque sur la situation monétaire au Liban ?

Le secteur bancaire libanais a montré à maintes reprises sa forte résilience. Cette résilience repose sur la confiance des Libanais dans leur secteur bancaire. Ces deux dernières années, on a cherché à saper cette confiance à travers des rumeurs et des publications particulièrement négatives sur la santé de notre système financier ou de certaines banques. Il faut savoir que tous les systèmes financiers dans le monde sont bâtis sur la confiance du public. Cela a été vérifié encore durant la crise financière de 2008 en Europe et aux États-Unis. Tous les ratios financiers confortent la vision d’un secteur bancaire solide. Le problème du Liban vient avant tout de l’instabilité politique et du peu d’intérêt que nos responsables ont accordé jusqu’à présent à la croissance économique et à la gestion des finances publiques. Le niveau d’endettement du secteur public est élevé avec un ratio de dette sur PIB de 150 % et un déficit budgétaire qui va dépasser les 10 %.

Le poids de la dette est gérable si la croissance de l’économie est relancée et le potentiel économique du Liban exploité. Les dix dernières années, nous avons doublé notre PIB ; je pense que nous pouvons doubler la taille de notre économie dans les dix prochaines années, à condition de lancer les réformes évidentes des finances publiques et de l’amélioration de l’environnement des affaires. Ce qu’il faut absolument réaliser, c’est un objectif d’annihilation du déficit budgétaire qui est la source véritable de notre fragilité. Rien que la résolution du problème dans le secteur de l’électricité et une amélioration significative de la collecte de l’impôt permettront de compenser la hausse des taux d’intérêt et de réduire significativement le déficit budgétaire. Par ailleurs, la baisse graduelle de notre déficit budgétaire entraînera une appréciation de la perception du risque libanais, ce qui incitera à une baisse des taux d’intérêt demandés par les investisseurs internationaux et les déposants libanais.

Comment évaluez-vous l’activité de votre banque durant le premier semestre de 2018, et quels sont les projets d’expansion externe ?

Nous avons adopté dès le début des printemps arabes une politique de croissance maîtrisée qui se traduit par une prudence dans la prise de risque et le maintien d’une liquidité élevée. Nous avons réalisé une belle performance en 2017 avec une croissance des dépôts de 4,9 % à 10,9 milliards de dollars, une croissance des crédits de 3,3 % à 4,4 milliards de dollars et du bilan de 7,1 % à 13,6 milliards de dollars. Vu le contexte régional actuel, nous privilégions la consolidation de nos acquis en maintenant une liquidité élevée avec un ratio de liquidité de 73 %, et un renforcement de nos fonds propres qui s’établissent à fin juin 2018 à 1,26 milliard de dollars, en croissance de 5,9 % par rapport à juin 2017, et qui se traduit par un ratio d’adéquation des fonds propres selon Bale III de 17,2 % et un rendement des fonds propres principaux de 14,8 %. Disposant d’une banque européenne avec une présence à Paris, Genève et Chypre, nous n’avons pas de projet d’expansion supplémentaire à l’étranger. Le modèle d’ouverture de bureaux de représentation a porté ses fruits avec le succès des bureaux d’Abou Dhabi et du Nigeria. Nous pourrions à l’avenir ouvrir d’autres bureaux pour accompagner nos clients dans leurs expansions dans le Golfe et l’Afrique.


Comment évaluez-vous la performance du secteur bancaire libanais à la fin du premier semestre de 2018 ?
Rappelons que le secteur bancaire a réalisé une bonne performance en 2017, malgré la crise de novembre suite à la démission surprise du Premier ministre Hariri ; le secteur a clôturé l’année avec une croissance des crédits de 4,4 % et une croissance des dépôts de 3,9 %.
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