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Liban - Décryptage

Des projets suspects derrière les menaces de suspendre le financement de l’Unrwa...

En septembre dernier, dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le président Michel Aoun avait évoqué des « manœuvres israéliennes » pour pousser les pays contributeurs à arrêter de financer l’Unrwa. Il avait décidé d’en parler devant les représentants de tous les pays membres de l’ONU dans une tentative de mener une action préventive, ajoutant dans un discours, qui avait été largement répercuté dans les couloirs du siège des Nations unies, que les Libanais refusaient l’implantation des réfugiés palestiniens et des déplacés syriens, et que c’est à eux que revient la décision finale dans leur pays. Onze mois plus tard, ce que craignait le chef de l’État est en train de devenir une réalité, et l’administration américaine du président Donald Trump est en train de déclarer clairement qu’elle ne compte plus financer l’Unrwa. Les fonctionnaires arabes, et en particulier palestiniens, de cette organisation relevant de l’ONU ont d’ailleurs organisé des manifestations de protestation, affirmant que le refus de financer l’agence équivaut à implanter les réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil en laissant la responsabilité de leur accueil et de leur présence aux États concernés. De fait, des écoles de l’Unrwa dans les camps palestiniens au Liban et ailleurs sont en train de fermer leurs portes, et bientôt il sera demandé aux pays d’accueil de trouver des solutions de rechange comme pour les enfants syriens scolarisés dans les écoles libanaises selon des horaires spéciaux.

Le Liban officiel mène campagne pour la poursuite du financement de l’Unrwa, ne serait-ce que sur le plan qui le concerne directement. Mais des sources palestiniennes estiment que le problème est plus important. Selon ces dernières, il ne s’agit pas là d’une question isolée touchant réellement à des problèmes de fonds pour le financement de cette organisation internationale. Il s’agirait plutôt du nouveau projet américano-israélien destiné à liquider la cause palestinienne, en mettant définitivement un terme à la responsabilité internationale dans le droit au retour des réfugiés palestiniens.
Selon les sources palestiniennes précitées, ce projet aurait été lancé pour remplacer le fameux « deal du siècle » préparé par l’émissaire américain Jared Kushner et proposé par le président Trump à ses interlocuteurs arabes et israéliens. Les détails de la solution conçue par l’administration américaine n’ont pas été officiellement publiés, mais ce qui en a filtré montre qu’elle est largement inspirée par les Israéliens et qu’elle ne donne aucun droit réel aux Palestiniens, ni concernant un État viable et souverain ni sur le plan du territoire, puisque Jérusalem sera la capitale de l’État d’Israël, alors que la Cisjordanie et la bande de Gaza ne seront pas reliées entre elles. De plus, il n’y est fait aucune mention du droit au retour, ou même de réfugiés palestiniens en général.

Le président américain et son émissaire avaient misé sur l’appui des pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, à ce plan et il était question de leur laisser la responsabilité de le faire accepter par le monde arabe et les Palestiniens en particulier. On se souvient à cet égard du conseil du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, dans un de ses récents discours, dans lequel il s’était directement adressé aux Palestiniens pour leur conseiller de ne pas signer un accord de ce genre, en précisant que sans leur signature rien ne peut être fait.
En même temps, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a refusé de rencontrer l’émissaire américain au cours de la tournée de celui-ci dans la région, et aucun responsable palestinien ne l’a fait non plus pour bien marquer l’opposition palestinienne à ce projet. Même si à part la position claire du Liban, par la voix du ministre des Affaires étrangères et du chef de l’État ainsi que du président de la Chambre, les autres dirigeants arabes n’ont pas immédiatement réagi, ou de façon assez timide, le monde arabe dans son ensemble n’était pas favorable à ce plan. Le roi de Jordanie a ainsi émis des réserves, d’autant que le plan américano-israélien prive son pays de la gestion des lieux saints de Jérusalem. De plus, on a appris brusquement que le roi Salmane d’Arabie saoudite avait décidé de reprendre en main le dossier israélo-palestinien en le retirant au prince héritier, son fils, Mohammad ben Salmane. Le roi s’est aussi empressé de déclarer que le plan proposé est inacceptable. Il a été immédiatement suivi par le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi, qui a déclaré il y a quelques jours que l’Égypte n’acceptera que ce que veulent les Palestiniens. Autrement dit, il ne faut pas compter sur ce pays pour faire pression sur les Palestiniens et les pousser à accepter un plan qu’ils rejettent. Les sources palestiniennes précitées précisent à cet égard que le roi d’Arabie a compris que les populations arabes n’étaient pas prêtes à accepter un tel projet, ni même les Palestiniens de la diaspora. Il a donc entrepris de rectifier le tir et en quelque sorte protéger le prince héritier en l’empêchant de prendre des positions hâtives et impopulaires sur ce sujet.

Le plan américano-israélien semble donc compromis pour l’instant, et la solution alternative, selon les sources palestiniennes précitées, est d’assécher le financement de l’Unrwa pour créer une situation de facto et retirer du débat le point relatif au droit au retour... C’est un nouveau défi pour les Palestiniens, mais aussi pour le Liban, que le chef de l’État avait vu venir depuis un an et qui s’impose désormais à l’actualité.


Pour mémoire

L’effarant remède Kushner aux problèmes des réfugiés palestiniens

En septembre dernier, dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le président Michel Aoun avait évoqué des « manœuvres israéliennes » pour pousser les pays contributeurs à arrêter de financer l’Unrwa. Il avait décidé d’en parler devant les représentants de tous les pays membres de l’ONU dans une tentative de mener une action...

commentaires (5)

Certains pays riches arabes annoncent les offres d'emploi en Inde et au Pakistan et partout ailleurs. Les palestiniens, syriens et dans certains cas les égyptiens ne sont pas les bienvenus. L'équilibre confessionnel au Liban est la base du système politique. Vous ne pourriez pas intégrer totalement et d'un coup 2 à 300'000.- palestiniens majoritairement musulmans alors que les pays arabes sont demandeurs de main-d'oeuvre. Qu'on leur donne une vie meilleure et plus descente plutôt dans lesdits pays.

Shou fi

22 h 23, le 09 août 2018

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Commentaires (5)

  • Certains pays riches arabes annoncent les offres d'emploi en Inde et au Pakistan et partout ailleurs. Les palestiniens, syriens et dans certains cas les égyptiens ne sont pas les bienvenus. L'équilibre confessionnel au Liban est la base du système politique. Vous ne pourriez pas intégrer totalement et d'un coup 2 à 300'000.- palestiniens majoritairement musulmans alors que les pays arabes sont demandeurs de main-d'oeuvre. Qu'on leur donne une vie meilleure et plus descente plutôt dans lesdits pays.

    Shou fi

    22 h 23, le 09 août 2018

  • Bon article Mm Haddad tres objectif (pour une fois) Neanmoins on peut aussi se demander pourquoi les palestiniens refugies au Liban ou dans d'autres pays arabes n'ont pas ete deja assimile dans leur pays d'accueil comme des millions de Libanais( et de palestiniens d'ailleurs) qui ont fuit les guerres du Liban et qui sont devenus qui Bresiliens Mexicains Americains Canadiens Francais etc...au lieu de vivre de la mendicite du monde occidentale en general On aurait evite comme cela les camps palestiniens ainsi que surtout 70 ans de Malheur a ceux que nous appelons tous " nos freres arabes " mais que nous laissons dans une misere noire La responsabilite de l'avenir des Palestiniens depend en fait des Etats Arabes vu que Israel ne les laissera pas rentrer en Israel meme et que l'OLP meme si elle aura un Etat en fin de compte n'a jamais promis de les faire revenir dans ce nouvel etat a creer Cessons de les traiter comme des sous hommes et regardons la verite en face 1975 n'aurait jamais eu lieu si cette solution avait ete choisie meme au detriment du nombre de personnes de chaque communaute religieuse au liban alors que ce probleme ne se pose meme pas dans les autres pays Arabes

    LA VERITE

    18 h 41, le 09 août 2018

  • Ce décryptage n'est pas faux pour la simple raison qu'auparavant les sanctions étaient en place par les Nations-Unis et à présent par les USA seulement. Il faut attendre novembre car le Président Trump avait dit TOUS CEUX et non pas "toutes les entreprises" qui commerceraient avec l'Iran.... Puisque la Chine importe son pétrole principalement de l'Iran et puisque toutes les grandes sociétés chinoises sont quasi-étatiques les USA peuvent carrément sanctionnées toutes les entreprises chinoises !!! Quand on a 500 milliards de déficit commercial par an (c'est le cas pour les USA), une guerre commerciale ne les fait pas peur, bien au contraire !!!

    Shou fi

    15 h 34, le 09 août 2018

  • WOWWWW ! heureusement que cette analyse decryptee a ete publiee, car sinon on aurait ignore a tout jamais ou voudrait aboutir le gendre americain suite a son deplorable projet. Merci de tout coeur

    Gaby SIOUFI

    11 h 47, le 09 août 2018

  • UN ARTICLE TRES TRES OBJECTIF DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD ET QUI RELATE LES FAITS TELS QU,ILS LE SONT ! QUAND MADAME LE VEUT ELLE PEUT PONDRE DES ARTICLES A COUPER LE SOUFFLE PAR LEUR OBJECTIVITE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 09 août 2018

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