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Lifestyle - This is America

La révolution des émojis

Le féminisme en maillot de bain une pièce fait de l’ombre sur la toile au deux-pièces en cette belle saison de plage et de farniente.

L’itsi bitsi teenie weenie tout petit petit bikini et à l’étude le modèle une pièce.

« Où est l’émoji du maillot une pièce ? » « Je déteste le fait qu’il ne se trouve pas un maillot une pièce sur mon iPhone. Qui a donc envie de porter ce bikini rose ? » « Ils devraient créer un maillot une pièce pour nous, les nageuses. » C’est en ces termes qu’une contestation d’un nouveau genre se répand sur les réseaux sociaux aux États-Unis où, en pleine période de vacances à la plage et de grand air, les inconditionnelles de la natation ont réclamé leur place au soleil dans l’univers de l’expression informatisée. Elles voudraient, elles aussi, partager leurs moments au bord de l’eau avec des images qui leur conviennent. Mais elles ne trouvent, dans le lexique des émoticônes, que le « petit itsi bitsi teenie weenie tout petit petit bikini » chanté par Dalida en 1960, et que l’on veut toujours plus petit. Deux voix se sont élevées : celle d’une artiste publiciste, Florie Hutchinson (38 ans), et celle de Jennifer 8. Lee, cofondatrice d’Emojination. Ces deux femmes assurent n’avoir rien contre le bikini, qu’elles ont d’ailleurs arboré, mais prétendent vouloir que tout le monde, surtout celles qui ne favorisent pas ce style, puissent disposer parallèlement d’un émoji représentant un maillot une pièce pour compléter leur vocabulaire électronique.

Pas de discrimination dans l’univers des émojis
Cette revendication est actuellement étudiée par Unicode Consortium, une organisation à but non lucratif qui vise à « développer, maintenir et promouvoir les logiciels et les data à caractères internationaux ». Et donc décider, par exemple, s’il faut proposer, auprès du petit bikini rose à pois blancs déjà existant, un maillot une pièce. « L’objectif, précise l’ONG, étant d’offrir un symbole moins sexuel à une catégorie d’internautes qui pensent que cet accessoire, comme sorti de la garde-robe de Barbie, ne représente ni leur personnalité ni leur message. » Le modèle sous étude pour créer un équilibre est basique, sans fioritures, sans connotations féminines, rappelant celui des sportives. Florie Hutchinson avait déjà pris une initiative similaire quand elle avait essayé de convaincre le Consortium d’accompagner l’émoticône stiletto rouge d’une paire de ballerines pour les femmes qui n’ont pas toujours envie d’être perchées sur des hauts talons. Suggestion acceptée, la chaussure plate fera son apparition le mois prochain, conçue par la désigner américaine Aphee Messer qui signe également les contours du maillot une pièce sous étude. À son actif, également, la création de l’émoticône hijab en 2017. Jennifer 8. Lee, qui s’est donné pour mission de moderniser le vocabulaire émoji afin qu’il reflète une culture contemporaine d’une manière inclusive, a donc joint ses forces à Mme Hutchinson.

Comme on s’en doute, leur petite révolution à tendance féministe n’a pas convaincu tout le monde et a engendré un débat. En particulier une organisation pour la standardisation des symboles, qui ne voit pas la nécessité d’aller dans les détails d’une tenue de baignade, ajoutant : « Et pourquoi pas aussi un maillot de bain victorien ! » Stupéfaction de Florie Hutchinson qui s’explique : « C’est là une réaction archaïque. Elle reflète la domination d’un responsable codeur mâle faisant partie de ce comité. » Sa collaboratrice pense, elle aussi, que c’est « un échec de l’approche des émojis et un signe d’un manque d’empathie de la part d’une société qui néanmoins intervient dans d’autres clivages ». Ce n’est pas tout. On fait aussi remarquer que cette résistance à décrire la réalité de la femme actuelle remonte aux débuts des émojis qui, jusqu’en 2016, ne la reflétaient que dans les rôles de princesse, de mariée, de danseuse ou d’une Playboy bunny. L’année suivante, 104 émojis ont été ajoutés à la base Unicode représentant majoritairement des femmes dans différents corps de métier. Ainsi, les choses ont évolué puisqu’on en est aujourd’hui à plus de 2 500 images aidant à exprimer dans les courriels émotions et diverses pensées, des ajouts ayant été faits selon les besoins du moment. Avec la controverse du bikini, il s’agit, plus que jamais, de dépoussiérer l’imagerie électronique utilisée par toute la planète et qui avait été créée au Japon en 1998.



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