Rechercher
Rechercher

Liban - Services publics

Grand Beyrouth : Une carte pour clarifier aux « sans voitures » les circuits des bus

Peut-on espérer une solution pratique pour le cauchemardesque trafic dans le Grand Beyrouth ? Chadi Faraj, un développeur trentenaire, tente de le faire avec ses modestes moyens. Il explore à cette fin le trafic des bus libanais depuis une décennie. Après avoir développé une application mobile en 2014, il a lancé BusMap.me, un site qui répertorie les lignes de bus chaotiques et leurs trajets.

Originaire de la Békaa, Chadi Faraj s’est installé à Beyrouth en 2008. Le jeune homme découvre à l’époque les difficultés de circulation dans la capitale et se résout à utiliser les bus pour se rendre au travail. Il tente de trouver des informations sur les horaires et les arrêts sur le web, mais sans succès. Les smartphones commençaient alors à peine à se développer et les modes de communication instantanés comme WhatsApp étaient loin d’être accessibles à tous.

Après ses études universitaires dans l’ingénierie des télécoms, Chadi, en tant que jeune développeur, se lance dans une quête des données. « Il n’y avait aucune information sur les bus quand j’ai commencé », explique-t-il, assis dans un café à Sassine. Le jeune homme alterne alors sa vie d’employé informaticien avec sa passion pour les transports publics, en tentant de comprendre chaque ligne de bus, les différents arrêts informels et les horaires irréguliers. « Lorsque quelqu’un comprend une ligne de bus à Beyrouth et utilise un trajet régulièrement, cela change complètement sa mobilité et son quotidien », affirme Chadi.

Lors de l’explosion des ventes de smartphones et la démocratisation des technologies GPS comme Google Maps en 2014, il développe l’application mobile Lebanon Buses, encore en ligne à ce jour. « Je pensais que le système allait prendre de l’ampleur grâce à ces technologies et à la localisation en temps réel, mais il n’y avait toujours aucun intérêt économique dans le secteur, personne n’était prêt », déplore le trentenaire. Pourtant, depuis l’arrivée des smartphones, les chauffeurs livrent plus facilement leurs trajets, communiquent grâce à WhatsApp. Chadi peut ainsi obtenir plus facilement des informations et développer son projet.


(Pour mémoire : Chaos routier : vers un réseau de transport public structuré ?)


Améliorer un système informel
« Je veux encourager la culture du transport public, mais c’est très compliqué au Liban », explique-t-il. En 2015, il cofonde le projet Bus Map avec Jad Baaklini. Les deux jeunes sont choisis par le programme SwitchMed de la Commission européenne, qui soutient l’entrepreneuriat et l’innovation sociale. Le projet est alors rejoint par une quinzaine de bénévoles encore actifs aujourd’hui et se développe en collaboration avec le département d’engagement civique de l’AUB.
L’objectif principal était, à l’époque, de documenter et de comprendre les complexes transports publics du Liban afin de créer une carte. L’équipe est accompagnée, entraînée et en partie financée par SwitchMed. « Une carte n’est pas un produit fini, mais un outil pour promouvoir la mobilité. Nous n’avons pas terminé notre action avec le site BusMap.me, ce n’est que le début », affirme Chadi. L’équipe de bénévoles organise régulièrement des voyages de groupe hors de Beyrouth, à Baakline, Jezzine ou même dans le Akkar, avec pour objectif de découvrir de nouvelles lignes au Liban.
Le développeur, chevronné des transports en bus, est capable de répondre immédiatement aux différentes requêtes des utilisateurs sur un groupe WhatsApp privé qu’il administre. Il indique comment se rendre d’un point A à un point B grâce aux multiples lignes de Beyrouth. « On voit les côtés positifs du système informel, comme sa flexibilité. On ne veut pas lutter contre, mais le rendre plus performant, l’adapter, promouvoir l’entraide et la coopération sur les routes », reprend le développeur.

Chadi ne comprend pas la réticence de certaines municipalités ou du gouvernement par rapport à l’organisation, au financement et à la création des bus. « Le secteur a besoin d’argent et de développement, mais les villes associent ces autocars à du trafic supplémentaire, alors que c’est le contraire. » Une étude d’urbanisme réalisée à l’AUB montrait que 80 % des déplacements effectués à Beyrouth se faisaient dans une voiture privée, et seulement 2 % en bus. Pour Chadi Faraj, la solution ne viendra qu’avec beaucoup « de sensibilisation, de nouveaux outils, de financement et surtout de coopération ».

Un autre projet, primé dans le cadre de l'édition 2017 du concours « Femme francophone entrepreneure » (FFE) co-organisé par l'AUF, Berytech, L'Orient-Le Jour et le Commerce du Levant s’intéresse également au secteur des transports publics au Liban. Depuis 2017, la start-up libanaise YallaBus, portée par des étudiants de l’AUB, développe une application mobile qui permettrait de gérer les bus du pays, en installant un téléphone ou une tablette dans chaque bus, permettant ainsi aux utilisateurs de les localiser.


Pour mémoire

Transport public déficient et bouchons quotidiens : deux milliards de pertes par an pour le Liban



Peut-on espérer une solution pratique pour le cauchemardesque trafic dans le Grand Beyrouth ? Chadi Faraj, un développeur trentenaire, tente de le faire avec ses modestes moyens. Il explore à cette fin le trafic des bus libanais depuis une décennie. Après avoir développé une application mobile en 2014, il a lancé BusMap.me, un site qui répertorie les lignes de bus chaotiques et leurs...

commentaires (2)

Gérer les bus du pays aidera certes à réduire ce nuage de pollution qui envelope la capitale surtout .

Antoine Sabbagha

23 h 50, le 10 août 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Gérer les bus du pays aidera certes à réduire ce nuage de pollution qui envelope la capitale surtout .

    Antoine Sabbagha

    23 h 50, le 10 août 2018

  • Excellent: sur google maps je ne trouve pas le chemin en bus de l'aéroport à par exemple Hamra; mais sur le site http://busmap.me j'ai pu localiser deux lignes Dawra-Airport et Cola-Saida LTC zantout et une ligne 12 de Cola vers Hamra - ligne 12. Donc une initiative excellente (dont je n'étais pas au courant). Il s'agit surtout de savoir ou cherches les infos.

    Stes David

    17 h 07, le 10 août 2018

Retour en haut