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Lifestyle - La Mode

Dior, révolution dans l’accessoire

En février dernier, la maison Dior célébrait en beauté, dans les jardins du musée Rodin, les 50 ans de la révolution de mai 68. Plus de 3 000 affiches, immense collage des couvertures de magazines de l’époque, avaient été placardées sur les bancs, les murs et le catwalk. La collection du défilé est en boutique, accompagnée d’accessoires surprenants.

Sac « Lady Dior » souple en patchwork cannage Peace and Love Dior, large bandoulière détachable. Photo DR

« Un homme sur deux est une femme », « La lutte continue », « L’imagination au pouvoir », autant de slogans qui, s’ils n’ont pas changé le monde, ont annoncé une nouvelle manière de l’occuper. Ces manifestes étaient, lors du défilé Dior automne-hiver 2018-19, accompagnés de photographies d’une autre démonstration, celle de la « Mini Skirts Forever » organisée par de jeunes Britanniques en faveur de la minijupe devant la boutique Dior, avenue Montaigne, en 1966. La nouvelle collection automne-hiver 2018-19 de la maison s’inspire naturellement, mais en la chahutant davantage, de la réponse esthétique de Marc Bohan, directeur artistique de Christian Dior en ces années révolutionnaires, aux revendications de la jeunesse des 60’s. Carreaux, façon college girls, mais affranchis des codes. Veste Bar, inventée par Monsieur Dior pour inviter les femmes à s’asseoir sur un tabouret de bar, mais légèrement masculinisée par Maria Grazzia Chiuri qui veille désormais sur l’héritage de la maison. Le patchwork exprime la sensibilité cosmopolite de Dior, inspirée des cultures du monde et d’une jeunesse frondeuse, avide de liberté. Le denim cher aux années 60 qui ont fait sa prospérité est plus présent que jamais. Ces lignes directrices s’appliquent évidemment aux accessoires, notamment les sacs, best-sellers de la maison.

Emblématiques, flexibles et personnalisables à souhait avec un jeu de bandoulières détachables, les célèbres modèles Miss Dior, J’Adior, Lady Dior, Saddle ou Hobo représentent à eux seuls une nouvelle idée de la liberté. Détail amusant : sans se concerter, Dior et Sonia Rykiel ont créé pour la même saison un sac cubique inspiré des pavés que les jeunes manifestants ont lancés sur les forces de l’ordre lors des événements de mai 1968. Celui de Dior est baptisé, sans surprise : Diorquake, en référence au mot Youthquake ou « séisme de la jeunesse », inventé par Diana Vreeland à cette époque.



Question de personnalité
« Dans les années 60, tout était question de personnalité. Pour la première fois, les mannequins sont devenus des personnalités. C’était une époque de grands projets, une époque créative, et ces femmes se sont inventées elles-mêmes », écrivait en ce temps-là Diana Vreeland, l’iconique rédactrice en chef du Vogue US de 1963 à 1971. Les anniversaires peuvent être des déclencheurs de souvenirs exceptionnels. Se souvenir, c’est aussi réinventer et imaginer. Cinquante ans après l’élan de vitalité et de créativité qu’a connu l’année 1968, Maria Grazia Chiuri fait renaître l’époque au cours de laquelle les règles de la mode ont été bouleversées. En effet, grâce à cette émulation qui a favorisé l’émergence de nouvelles idées, la créativité pour la créativité, le cut-up et le voyage comme découverte de l’autre, mais aussi de soi-même, la jeunesse se retrouve au centre de la scène.



Importance des ornements
Pour cette collection de prêt-à-porter automne-hiver 2018-2019, la directrice artistique de Dior a été guidée par ces symboles et ces attitudes représentant la recherche de l’authenticité. On voit alors apparaître de magnifiques broderies de laine sur des robes en organza, des jeans travaillés et imprimés, des sacs inspirés des archives de la maison, avec une bandoulière ethnique, ou des patchworks composés de tissus provenant de ce même patrimoine : ces pièces deviennent de véritables fenêtres sur le monde. Le poncho est porté librement. Les ornements prennent toute leur importance et deviennent les ambassadeurs des différentes cultures qu’ils représentent. La collection évolue dans un esprit de liberté, tant dans la création que dans les associations, dans les formes et dans les matières.

Cette façon de s’affranchir et de choisir sa propre image est précisément ce que Maria Grazia Chiuri revendique pour les femmes d’aujourd’hui. Le kilt est décliné dans différentes longueurs, mais aussi dans des matériaux inattendus, comme le point d’esprit, et associé à des vestes masculines ou à de petits manteaux. La maille, très présente, est également brodée et épouse librement les corps. Les robes se raccourcissent et se portent sur des cuissardes inspirées de celles des motards. Son regard aiguisé sur la mode guide la créatrice dans ce retour vers une époque singulière et incroyable, car changer le monde signifie également changer de vêtements.


Raconter une nouvelle histoire
Parce que les temps changent, tout comme les corps, les visages, les attitudes et les personnalités de celles et ceux qui ont lancé cette révolution vestimentaire ; un séisme a transformé à tout jamais notre manière de nous vêtir. La mode est remise en question, mais elle se réinvente sans cesse pour raconter une nouvelle histoire, qui dit tout et son contraire. D’ailleurs, lorsqu’un groupe de jeunes filles en minijupe manifeste, le 12 septembre 1966, devant la boutique Dior avec des panneaux affichant « Mini Skirts Forever », comme le montre une photo de l’époque, Marc Bohan, alors directeur artistique de Dior, crée la collection Miss Dior et réinterprète l’idée de la féminité façonnée par Christian Dior.

Maria Grazia Chiuri, quant à elle, contrebalance ouvertement le retour de l’uniforme dans cette collection, pour nous ramener à ces revendications : l’individu prime sur les différences de genre ; et l’égalité des droits et des devoirs demeure la grande conquête de cette époque.


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