Le ministère de l’Économie et du Commerce a affirmé hier que les tarifs pratiqués par Électricité de Zahlé (EDZ) étaient réglementaires malgré le fait que la société soit en porte-à-faux vis-à-vis de la loi en produisant du courant pendant les heures de panne.
Cette décision se base sur les conclusions d’un audit commandé par le ministère après que plusieurs députés locaux ont déposé une plainte visant les prix pratiqués par la société. « Des ingénieurs dépêchés par le ministère ont procédé cette semaine à une inspection surprise pour vérifier comment EDZ calcule les montants facturés aux abonnés. Ils n’ont constaté aucune irrégularité », a confirmé à L’Orient-Le Jour un cadre d’EDZ, Nagi Jreissati.
Enquête « objective »
EDZ a obtenu au début des années 1920 une concession pour produire et distribuer de l’électricité. Contrainte en 1969 de renoncer à ses prérogatives de production en faveur du monopole attribué à Électricité du Liban (EDL), la société a cependant recommencé dès 2015 à fournir du courant à ses abonnés pendant les pannes en louant des générateurs déployant plus de 50 mégawatts (MW). EDZ s’était alors octroyé ce droit sans autorisation légale et avait justifié sa démarche en invoquant les insuffisances du fournisseur national d’électricité.
Pour faire payer l’électricité qu’elle distribue à 65 000 foyers situés dans la capitale de la Békaa et les 16 communes environnantes, EDZ met en place un système de facturation au kilowattheure (kWh) qui englobe le coût des heures de courant fourni par EDL – acheté et revendu à des prix fixés par l’établissement public – ainsi que celui de ses propres générateurs, variables selon les cours du carburant. La loi impose en effet à EDZ d’acheter à 55 livres (0,04 dollar) le kWh à EDL et de le revendre entre 35 et 200 livres (0,02 et 0,13 dollar) en fonction de la tranche de consommation allant de 0 à plus de 500 kWh par mois. À ces montants, la société ajoute un supplément calculé à partir du coût total de production du kWh qu’elle produit elle-même (300 livres, soit 0,2 dollar en mai) et la quantité d’électricité produite sur la période de facturation. En mai, ce supplément s’est élevé à 168 livres (0,11 dollar). Ainsi, pour les factures du mois de mai, qui ont servi de base à l’audit, les abonnés de la concession ont dû payer à EDZ entre 203 et 368 livres (0,13 et 0,24 dollar) par kWh de courant, en fonction de leur tranche de consommation.
Or, la légalité de ce système de tarification inédit au Liban a récemment été attaquée par plusieurs parlementaires locaux, menés par Michel Daher (bloc aouniste), qui ont en outre accusé EDZ de gonfler les prix. « Les auditeurs ont conclu que le mode de calcul que nous utilisons respectait aussi bien les tarifs d’EDL que la grille des prix imposée par les exploitants de générateurs privés (voir encadré) fixée chaque mois par le ministère de l’Énergie et de l’Eau », a ajouté M. Jreissati.
En attendant, l’avenir d’EDZ est toujours incertain, alors que la concession doit en principe revenir dans le giron d’EDL à la fin de l’année suite à l’expiration de sa concession. Créée dans les années 1960, EDL ne produit pas assez de courant pour satisfaire une demande qui dépasse la barre des 3 000 MW pendant la période estivale.
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commentaires (2)
Comme par hasard c'est un député aouniste qui cherche noise à EDZ ??? Leur brillantissime ministre CPL de l'énergie et de l'eau, qu'a-t-il su faire depuis qu'il siège dans son ministère ? -Louer des barges à un coût exorbitant -Acheter de l'électricité à la Syrie Serait-il jaloux du succès et de l'efficacité de l'EDZ ? Irène Saïd
Irene Said
12 h 17, le 18 août 2018