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Les métiers de la cité

L'ingénieur acousticien, un spécialiste du silence

En s'attachant à lutter contre la pollution sonore, l'ingénieur acousticien exerce un métier de la construction et de l'environnement à travers la prévention et le traitement des problèmes causés par le bruit, facteur de stress.

Sur la façade de l'immeuble abritant les locaux de son entreprise, Acousystem, Pierre Geara a hissé une enseigne qui introduit d'emblée le visiteur à son identité professionnelle : « Le silence est notre métier », peut-on y lire en grandes lettres. Cet ingénieur acousticien, ingénieur civil de formation, qui a monté dès 1991 sa société d'ingénierie en isolation acoustique et vibratoire, livre les rouages de son métier aux esprits scientifiques, désireux de faire de la chasse aux décibels leur gagne-pain.
« L'enjeu est de rendre un milieu agréable à travers l'amortissement des vibrations et la réduction de la propagation des sons », affirme d'entrée Pierre Geara. À une époque où l'environnement quotidien est assailli par une multitude de bruits, l'ingénieur acousticien a ainsi fort à faire. « Au travail, à la maison, dans les lieux de divertissement, dans la rue, chacun est agressé par des nuisances sonores dont le cumul finit par avoir un impact dangereux sur la santé tant physique que psychologique », fait observer l'ingénieur, avant d'exposer les moyens de parvenir à établir un silence, ou du moins un bruit « sur mesure ».

 

Diagnostic et traitement
« Un premier stade de l'intervention consiste en un calcul des niveaux sonores et un dimensionnement des parois et des espaces, sur lesquels se base une deuxième étape comportant la détermination de procédés et de matériaux pour une isolation acoustique optimale », explique Pierre Geara. Il s'agit en quelque sorte de poser un diagnostic avant de traiter la problématique. Pour identifier la situation, le spécialiste mesure l'intensité du bruit et l'ampleur de l'écho au moyen d'instruments et de calculs spécifiques et complexes. Quant aux remèdes applicables, ils diffèrent selon les surfaces à traiter (murs, plafonds, planchers...) et selon les sources de nuisance (circulation automobile, compresseurs, climatiseurs, groupes électrogènes, pompes...). Les procédés techniques utilisables sont aussi divers que l'installation de vitrages, de cloisons et d'écrans acoustiques, la mise en place de suspensions, de parpaings et de plaques de plâtre, l'intégration d'appuis antivibratoires à ressorts, l'encoffrement... L'ingénieur s'attarde plus particulièrement sur la technique de « la boîte dans la boîte », efficace par exemple dans un immeuble abritant un restaurant ou une discothèque à son rez-de-chaussée. « Pour empêcher que la musique amplifiée parvienne aux étages supérieurs, on construit un plancher au-dessus du plancher, un mur devant le mur et un plafond en dessous du plafond », explique-t-il.

 

Compétences
Pierre Geara met ainsi l'accent sur la nécessité pour un ingénieur acousticien d'être doté de solides connaissances dans la construction, mais aussi dans la mécanique et l'électricité. Selon lui, « vu qu'il n'existe pas, à l'heure actuelle, un diplôme de génie acoustique », la formation universitaire la plus appropriée est le génie dans ses branches disponibles. « Un physicien peut mener également une bonne carrière dans ce domaine », relève toutefois le spécialiste, insistant sur la nécessité d' « une formation scientifique ». Et d'ajouter : « Une autre compétence dont doit se prévaloir un jeune diplômé désireux de se lancer dans le secteur est le sens de l'appréciation, pour qu'il soit à même d'évaluer la nature et l'ampleur des problèmes. » Lors de sa visite sur le chantier, l'ingénieur acousticien doit ainsi savoir analyser et interpréter les données qu'il aura à utiliser plus tard, au cours de son étude de l'isolation.

 

Coordination avec l'architecte
Le travail du spécialiste sur le site comporte également la vérification de l'application des mesures prises en coordination avec l'architecte du projet. « Le métier s'exerce dans le cadre d'un travail avec une équipe pluridisciplinaire composée de spécialistes de l'électricité et de la mécanique, et menée par un architecte, le "consultant leader" », souligne Pierre Geara. « Les échanges sont très aisés et cohérents avec l'architecte, parce qu'il a la connaissance et la pratique des solutions à prescrire pour un meilleur confort sonore », note-t-il, relevant par contre la difficulté à communiquer avec les particuliers. « Souvent, le propriétaire d'un projet n'est pas doté d'une science et d'un vocabulaire adéquats et ne peut donc comprendre aisément la raison du choix de telle technique ou de tel matériel que lui propose l'ingénieur acousticien », se désole le spécialiste.

 

Un métier varié et d'avenir
Pierre Geara, qui a réalisé l'isolation acoustique de nombreux complexes prestigieux au Liban (Sky Gate – Achrafieh, Sama Beyrouth – Achrafieh, Water Front City – Dbayé, ABC – Dbayé, District S – centre-ville...) et à l'étranger (Arabie saoudite, Koweït, Abou Dhabi, Qatar, Dubaï...), évoque par ailleurs les plus de son métier. « Les solutions à apporter aux cas posés sont différentes selon les projets, ce qui éloigne de la routine l'exercice de notre métier », relève-t-il, faisant part aussi du plaisir que lui procure la sensation d'avoir résolu un problème a priori insoluble. « Parvenir à trouver des issues face à de sévères contraintes donne un merveilleux sentiment de satisfaction », lâche-t-il.
Enfin, à la question de savoir s'il conseillerait à un jeune diplômé d'entreprendre ce métier, l'ingénieur acousticien, à la tête d'un bureau de 15 employés, répond par l'affirmative, estimant que « le domaine est promis à un bel avenir parce que de plus en plus de concepteurs de nouveaux projets prennent en considération la thématique du bruit ».

 

 

Formation
Pas de cursus spécialisés, mais les diplômes en génie ou en physique sont fortement recommandés.

 

Débouchés et rémunérations
- Physicien salarié dans un bureau d'études d'ingénierie en isolation acoustique et vibratoire : de 1 500 à 3 000 dollars.
- Ingénieur salarié dans un bureau d'études d'ingénierie en isolation acoustique et vibratoire : à partir de 2 000 dollars et jusqu'à 6 000 dollars après une quinzaine d'années d'expérience.
- Propriétaire d'un bureau d'études d'ingénierie en isolation acoustique et vibratoire : revenus variables selon l'activité.

 

 

 

Sur la façade de l'immeuble abritant les locaux de son entreprise, Acousystem, Pierre Geara a hissé une enseigne qui introduit d'emblée le visiteur à son identité professionnelle : « Le silence est notre métier », peut-on y lire en grandes lettres. Cet ingénieur acousticien, ingénieur civil de formation, qui a monté dès 1991 sa société d'ingénierie en isolation acoustique et...

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