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Liban - Libertés

Les médias sociaux, une arme qui fait peur aux politiques

Les gouvernements dans le monde avancent l'alibi sécuritaire pour réprimer les libertés.

L'espace dit « virtuel » de la Toile est, à n'en plus douter, une arme à double tranchant. Utilisée, d'une part, comme tremplin pour promouvoir le terrorisme et les discours à connotation idéologique et religieux, mais aussi pour embrigader et recruter, il sert également de plate-forme d'information et de débats d'idées, notamment autour de la gouvernance, du domaine public et des droits de l'homme. Devenu un amplificateur de messages et un précurseur d'une nouvelle forme de démocratie et de participation à la vie publique, cet espace est d'autant plus inestimable qu'il incite aux débats et à la réflexion autour des grandes causes de l'humanité, motive l'action collective et permet l'interpellation implicite des pouvoirs en place.
Une fonction qui dérange au plus haut point les autorités publiques qui se sentent de plus en menacées par la libre expression de jeunes et d'activistes retranchés derrière leur écran.

L'exemple de la série d'arrestations de jeunes Libanais pointés du doigt pour avoir exprimé une opinion souvent inoffensive est une preuve de la « perception » grandissante du danger qui anime la classe politique.
Échappant à toute forme de censure dont la presse traditionnelle a longtemps souffert, notamment dans les pays arabes, les médias sociaux, qui transcendent les frontières et défient les mesures de contrôle traditionnelles, « font peur aux gouvernements du monde entier et non seulement du Liban », souligne David Kaye, le rapporteur spécial pour la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression aux Nations unies.

 

(Lire aussi : #1M Followers, le billet de Médéa AZOURI)

 

De passage à Beyrouth, M. Kaye a rencontré plusieurs groupes d'activistes, des juristes, des universitaires et des défenseurs des droits de l'homme actifs sur la Toile, dans le cadre d'une initiative de SMEX (Social Media Exchange), une ONG qui préconise l'autorégulation de l'information sur les réseaux internet au Proche-Orient, incitant au changement social durable par le biais de pratiques mettant à profit les réseaux sociaux, les recherches et la technologie libre et ouverte.
Invoquant la primauté de la protection de la sécurité nationale à l'ère des menaces terroristes, les gouvernements en ont souvent profité pour traquer les leaders d'opinion et blogueurs de tout calibre, cherchant à contrôler dans la mesure du possible ces nouveaux espaces de liberté devenus les Hyde Park des sociétés modernes.

Une politique de coercition qui a entraîné dans son sillage des dégâts en matière de liberté d'expression, désormais remise en cause dans le monde entier, note M. Kaye.
« Souvent les gouvernements utilisent l'alibi de la sécurité nationale ou de l'ordre public pour asservir la liberté d'expression et la conditionner, et le Liban n'est pas une exception », dit-il.
Le responsable a incité les groupes présents à écrire aux Nations unies pour informer ou dénoncer des exactions commises.

 

(Lire aussi : Les nouveaux enjeux de la sauvegarde de la liberté d’expression)

 

Le rapporteur spécial est mandaté par le Conseil des droits de l'homme pour réunir les informations pertinentes concernant les cas de violations du droit à la liberté d'opinion et d'expression, de discrimination, de menaces ou d'actes de violence, de harcèlement, de persécution ou d'intimidation visant des personnes qui cherchent à exercer ou à promouvoir le droit à la liberté d'opinion et d'expression. Il fait des recommandations, et propose les moyens de mieux assurer la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression dans toutes ses manifestations.
« Le contrôle et la censure ne peuvent décourager ou dissuader le développement des idées et leur expression mais compliquer leur communication, ce qui rend la tâche (du changement et de l'activisme) plus difficile », relève encore M. Kaye. Le rapporteur spécial préconise la nécessité de créer un espace médiatique qui puisse encourager et soutenir la diversité et les voix indépendantes tout en préservant une certaine neutralité. La constitution des activistes en groupes de lobby est également incontournable pour protéger les espaces de liberté, préconise le responsable.

« Toute personne lésée peut adresser une plainte auprès du bureau du rapporteur spécial des Nations unies. Leur capacité est toutefois limitée ainsi que leurs prérogatives », a indiqué à L'OLJ Mohammad Najem, cofondateur de SMEX.
« C'est un terrain nouveau sur lequel nous opérons. Plus les débats et les échanges se multiplient et s'intensifient, mieux nous serons habilités à défendre les libertés en cause », poursuit M. Najem.
À ce jour, l'association a marqué presque autant de succès que de défaites, devant souvent intervenir sur un territoire où les lois internes – datant de l'ère qui a précédé celle de l'internet – continuent de prendre le dessus sur des principes constitutionnels consacrant la liberté d'opinion, voire même sur les conventions internationales.

 

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