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Liban - Écotourisme

Voyager autrement, une ferme libanaise à la fois

De plus en plus de touristes sortent des sentiers battus pour travailler dans des fermes biologiques libanaises en échange du gîte et du couvert.

Les fondateurs de la ferme biologique Les Racines du Ciel, Joanna Parker et Raëd Chawi, accompagnés de leur enfant.

Il est 10h30. Un mélange de français, d’anglais, d’espagnol et d’arabe se fait entendre autour de la table. Avec une odeur de café frais mélangé aux différents parfums du verger, c’est la pause tant attendue des six volontaires de la ferme Les Racines du Ciel. Après ce petit répit, ils retournent à leurs différentes tâches assignées pour la journée.
Dans le petit village de Lassa, perché au-dessus de la vallée de Nahr Ibrahim, les globe-trotteurs sont de plus en plus nombreux. Malgré la beauté des paysages montagneux à couper le souffle, cette destination est pourtant loin d’être touristique.
Ces personnes de différents horizons se retrouvent toutes au même endroit : à la petite ferme biologique Les Racines du Ciel. Depuis près de trois ans, ce verger accueille d’avril à octobre des touristes qui souhaitent voyager autrement. En échange de cinq heures de travail agricole par jour pendant deux semaines, ils sont logés et nourris. L’année dernière, ce verger a accueilli une cinquantaine de volontaires.

Cinq fermes libanaises utilisent ce concept de volontariat pour à la fois bénéficier d’une aide, d’un échange culturel et accueillir à bras ouverts tous ceux qui souhaitent découvrir les régions rurales.
Elles se retrouvent sur deux plateformes en ligne qui utilisent ce concept de volontariat. La première, Workaway, permet à ses utilisateurs de contacter des fermes, des auberges et d’autres projets, toujours en échange d’heures de travail. La plateforme WWOOfing se spécialise dans les fermes.
De plus en plus populaire à travers le monde, cet échange non monétaire entre agriculteurs et voyageurs permet à la fois de rapprocher les différentes cultures et de conscientiser les touristes aux causes environnementales.

Un échange culturel
De retour à leurs tâches assignées, deux volontaires identifient la nouvelle production de jus de pomme. Tout en travaillant, Nicholas Bloom, un Britannique de 23 ans, explique son enchantement pour ce genre d’expérience. « J’aime bien l’échange culturel et parler dans différentes langues. J’aime surtout être avec des Libanais qui peuvent nous apprendre un peu sur le pays », explique-t-il. Pour Soraya Tadrissi, espagnole, cela renforce son attachement aux causes environnementales. « Travailler avec la matière première me permet d’être plus consciente de ce que j’achète », précise-t-elle tout en étiquetant des bouteilles à l’effigie de la ferme.
Un peu plus loin dans le verger, Jevany Peterson, une volontaire britannique qui étudie dans une école organique au Danemark, désherbe quelques plantes. Pour elle, travailler la terre libanaise est aussi un enrichissement professionnel. « Je pose beaucoup de questions sur les plantes et sur leur propriété, j’apprends beaucoup », précise-t-elle.

Miguel el-Khoury, originaire du village voisin, est le plus expérimenté des volontaires. En plus d’avoir travaillé dans des fermes en Turquie et en Géorgie, il collabore avec Les Racines du Ciel depuis plus d’un  an. « Ça m’apporte le plaisir de vivre et de partager avec les gens, explique-t-il. On apprend beaucoup ensemble et on a des principes en commun tels que le respect de la nature. » En plus des aspects culturels et écologiques, cette façon de voyager permet d’épargner. « On économise beaucoup d’argent puisqu’on est logé et nourri. En plus, on a un contact privilégié avec les locaux, ce qu’on n’aurait pas dans les grandes villes puisqu’on devrait rester dans les hôtels. Voyager peut être stressant et Workaway te dicte où aller, tu n’as pas besoin de prendre de décision », précise Nicholas Bloom, qui est à sa seconde expérience de volontariat, après l’Argentine.

Être plus sensible à l’environnement
Les fondateurs de la ferme, Raëd Chami et Joanna Parker, qui ont été eux-mêmes volontaires dans des fermes en Inde, accueillent des touristes pour sortir de leur isolement. « Quand on a commencé, on passait pour des fous parce que les gens se disaient que le biologique ne sert à rien. Le fait qu’il y ait des étrangers qui viennent chez nous pour voir ce que nous faisons nous a donné de la crédibilité », explique Joanna, une Française installée depuis quelques années au Liban.
Du désherbage à la transformation de fruits, en passant par l’entretien ménager, les volontaires donnent un coup de main aux agriculteurs. « Puisque nous sommes toujours dans l’urgence dans le jardin, il y a plein de choses que nous n’avons pas le temps de faire. Ils les font, et cela nous fait gagner du temps », constate-t-elle.

En plus d’aider le couple, les volontaires lui apportent un soutien moral. « Je dis souvent aux volontaires que lorsqu’ils viennent dans une ferme, oui c’est une forme de vacances, mais, quelque part, c’est un acte militant qu’ils font puisqu’ils donnent deux semaines de leur temps pour vous aider. En tant qu’agriculteur bio à petite échelle, cela vous renforce quelque part », renchérit Raëd Chami. Cette sensibilité à l’environnement est aussi présente chez les volontaires. « J’ai appris qu’au Liban, il y a beaucoup de chemin à faire pour l’environnement. Dans cette ferme, ils y font attention et je suis partant pour les aider », souligne Nicholas Bloom. Même constat pour Miguel el-Khoury. « Être ici me permet d’être plus actif au niveau du combat au Liban pour la cause environnementale », renchérit-il.


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commentaires (2)

L'agriculture bio c'est intéressant mais j'ai l'impression que c'est aussi un phénomène de mode; par exemple on voit n'importe quoi dans le marché avec étiquette "bio"; comme par exemple fraises bio en hiver, pendant que tout le monde sait qu'en hiver il n'y a pas de fraises. Il faudrait bien être prudent avec terminologie et regarder ce qu'on comprend exactement avec "bio". Ce n'est pas pour critiquer ce projet, car là-bas dans les montagnes j'éspère que c'est des produits locaux ... En tous cas du point de vue touristique ce lieu à Lassa (région de Qartaba et Afqa si je ne me trompes pas) est très joli, surtout du point touristique avec les ruines du temple romain devant la grotte de Afqa.

Stes David

16 h 52, le 11 juillet 2018

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Commentaires (2)

  • L'agriculture bio c'est intéressant mais j'ai l'impression que c'est aussi un phénomène de mode; par exemple on voit n'importe quoi dans le marché avec étiquette "bio"; comme par exemple fraises bio en hiver, pendant que tout le monde sait qu'en hiver il n'y a pas de fraises. Il faudrait bien être prudent avec terminologie et regarder ce qu'on comprend exactement avec "bio". Ce n'est pas pour critiquer ce projet, car là-bas dans les montagnes j'éspère que c'est des produits locaux ... En tous cas du point de vue touristique ce lieu à Lassa (région de Qartaba et Afqa si je ne me trompes pas) est très joli, surtout du point touristique avec les ruines du temple romain devant la grotte de Afqa.

    Stes David

    16 h 52, le 11 juillet 2018

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