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Liban - Convention

« Peu importe d’où nous venons, nous sommes syriaques avant tout »

Plus de 400 jeunes du monde entier se sont réunis à Feytroun pour célébrer leur foi et leur héritage culturel.

Une réunion générale consacrée à la discussion d’un thème en rapport avec la mission des jeunes syriaques. Photo Maude Petel-Légaré

Dans la foule, une vingtaine de pancartes colorées indiquent chacune le nom d’un pays : plus de 400 jeunes venus du Moyen-Orient et du reste du monde sont venus participer à la première Convention internationale de la jeunesse syriaque catholique à Feytroun, au Liban. « Peu importe d’où nous venons, nous sommes syriaques avant tout. N’oubliez pas vos origines », affirme au micro le père Youssef Dergham à ces jeunes, regroupés sous le chapiteau, tous équipés d’un sac jaune canari frappé d’une croix et de l’acronyme SYIC. À travers plusieurs ateliers spirituels, éducatifs, historiques et touristiques, la convention, qui se tient du 17 au 22 juillet, permet à ces jeunes syriaques de 18 à 35 ans de se connaître, de visiter le Liban et de réaffirmer leur identité collective.

Du répit
Après les discours de bienvenue et le temps de prière, les groupes présentent, à l’aide de vidéos projetées sur un écran, leur vocation dans leurs pays respectifs. Habillés de chandails gris avec un dessin des frontières syriennes, les membres du groupe d’Alep ne passent pas inaperçus. « En 2011, la guerre a commencé, mais nous avons continué nos activités de scouts », affirme la vidéo projetée sur l’écran. Une vague de fierté et de compassion transcende le groupe, acclamé par la foule. « Notre jeunesse va pouvoir partager les différents obstacles existant dans leur pays. Cela pourra être à la fois bénéfique pour les paroisses et pour les jeunes. Cela les aidera à surmonter les défis », explique le père Jules Boutros, syriaque-catholique du Liban, l’un des organisateurs de la convention.

Être chrétien au Moyen-Orient a son lot de difficultés. Pour Yousif Nary qui vit à Bagdad, ces six jours au pays du Cèdre lui donnent un peu de répit. « Puisque le Liban est un pays chrétien, il est beaucoup plus simple de vivre sa foi. En Irak, c’est très difficile puisqu’il n’y a pas de liberté. Nous devons être prudents », met-il en avant. Melad Abody, originaire de Mossoul en Irak et qui vit actuellement à Erbil, témoigne des nombreux défis qu’il doit surmonter quotidiennement. « Tous les jours, il y a de nouveaux problèmes liés à notre religion. Cela a réellement commencé en 2003, et s’est accentué depuis que l’État islamique a pris Mossoul en 2014 », déplore-t-il. Pour lui, ce rassemblement de plusieurs jours est synonyme d’encouragement. « C’est un sentiment très spécial d’avoir des gens qui nous comprennent et qui nous soutiennent », explique ce jeune Irakien de 23 ans. Même constat pour Mireille Bayda qui habite à Alep. « Cela est très important pour nous. Nous vivons dans la guerre et dans des conditions difficiles, et nous avons été capables de passer au travers », confie-t-elle.


(Lire aussi : Le patriarcat syriaque-orthodoxe dément son transfert de Damas au Liban)


«Notre foi tous ensemble»
« Depuis les 10 dernières années, près de 70 % des membres de notre communauté ont été forcés de quitter leur pays », déplore le père Boutros. C’est pourquoi cette convention souhaite renforcer le lien d’appartenance entre les différentes communautés syriaques à travers le monde. « Nous sommes la plus petite Église catholique, mais depuis 2 000 ans, nous avons réussi à préserver notre foi et nos traditions malgré toutes les persécutions que nous avons vécues. Cette convention redonne de l’espoir à notre jeunesse », souligne le père Boutros. Cette réunion permet aussi de rassembler de vieilles connaissances. « J’ai revu des jeunes que j’ai baptisés et mariés. Je suis très content de les revoir puisque la plupart ont immigré dans des pays différents », souligne Mgr Pios Aziz Cacha, le vicaire épiscopal syriaque-catholique de Bagdad.

Pour Denise Sioufi qui a quitté la Syrie en 2012, cette convention lui permet de se dévouer à Dieu. « Parfois, c’est difficile de vivre ma foi au Canada. Il y a énormément de préjugés à l’égard des personnes qui sont croyantes », déplore-t-elle. Pour d’autres, cela permet de partager les différentes cultures. C’est le cas de Nicolas Atas, de confession syriaque-orthodoxe. « Entre nous, il n’y a pas de réelle différence de foi, c’est plutôt une différence d’autorité, explique-t-il. Je n’ai aucun problème à me sentir chez moi avec les syriaques-catholiques. »
Cette célébration du christianisme est au cœur du rassemblement. « Nous ne portons pas attention à l’origine ni à la couleur de peau de chacun d’entre nous. Nous sommes tous chrétiens. Nous sommes tous frères et sœurs et nous pouvons vivre notre foi tous ensemble », déclare le jeune Irakien Yousif Nary.


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Raviver la flamme
Dans l’après-midi, huit autobus attendent les jeunes. Prochaine étape : la visite du sanctuaire Notre-Dame à Harissa, puis le monastère de Charfet, où se trouve le siège du patriarcat de l’Église syriaque-catholique. « Notre jeunesse pourra voir comment le christianisme a vécu et fleurit au Liban, même si nous avons aussi vécu plusieurs persécutions dans notre histoire », précise le père Boutros.

En plus de l’histoire riche du pays, c’est grâce à sa position géographique stratégique que le Liban est le premier à accueillir la convention. « En Syrie, en Irak, en Palestine, en Jordanie et en Turquie, il est impossible de faire ce genre de convention. Au Liban, cela est possible puisque notre société est très ouverte », explique-t-il. Pour lui, ce qui est le plus important, c’est que cet événement puisse se perpétuer pour ainsi permettre aux jeunes de raviver la flamme de l’identité syriaque. « J’espère que tous les 5 ans, d’autres jeunes auront l’initiative d’organiser ce genre d’événement pour ainsi créer une tradition », confie-t-il.



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