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La Consolidation de la paix au Liban - Décembre 2018

Éditos

Publié par le projet " La consolidation de la paix au Liban " du Programme des Nations Unies pour le développement et financé par l’Allemagne, ce supplément est distribué avec les quotidiens an-Nahar dans sa version originale en arabe, et avec le Daily Star et L’Orient-Le Jour dans les versions traduites en anglais et en français. Ce numéro regroupe les articles d’un certain nombre d’écrivains, de journalistes et de professionnels des médias, de chercheurs et d’artistes. Il aborde les sujets relatifs à la paix civile et les répercussions de la crise syrienne au Liban et les relations entre les Libanais et les Syriens, dans des approches de fond loin des discours de haine.

«When life is low, a friendly smile can transform sorrows into hope for a better future» - © Illustration Tony Maalouf

L’immobilisme roi

L’État libanais peut désormais se parer du titre peu glorieux de champion toutes catégories du ratage du coche. Les occasions manquées s’égrènent tel un chapelet interminable et plus aucune échéance, qu’elle soit constitutionnelle ou simplement de fonctionnement administratif de base, n’est respectée. À croire que mystérieusement le pays tout entier s’est figé dans l’espace et le temps.

Le Liban a ainsi perdu deux années entières à se trouver un président de la République. Et si des élections législatives ont pu se tenir vaille que vaille en mai dernier à l’ombre d’une loi électorale bancale, la classe politique n’est toujours pas en mesure de faire éclore un gouvernement. Et quand bien même un cabinet verrait le jour, sa structure même basée sur le consensus permanent en ferait une institution paralysée, incapable de prendre la moindre décision.

Le pays a aussi raté le coche d’une gestion efficace des déchets ménagers. Depuis l’éclatement de la crise il y a deux ans, aucune décision crédible n’a pu être prise en raison des conflits d’intérêt. La seule solution de facilité proposée repose sur les dépotoirs dont on négocie âprement la localisation auprès des chefs communautaires.

Solution de facilité également face à la pénurie d’électricité. Près de 30 ans après la fin de la guerre, le rationnement du courant est toujours pratiqué à grande échelle et aucune décision n’a été prise concernant l’installation de nouvelles centrales ou mieux encore, l’exploitation des énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolienne). Finalement, un règlement partiel et branlant a été imposé consistant à louer des navires-centrales très polluants, sans même solutionner le problème de fond.

La nonchalance des pouvoirs publics s’est même étendue à la question des réfugiés syriens. Aux lieux que ces derniers soient clairement répertoriés, installés convenablement dans des camps géographiquement bien définis, on a préféré sous-traiter le problème avec les ONG et l’agence de secours de l’ONU. On a parallèlement multiplié les tracasseries administratives à l’encontre des investisseurs et autres Syriens aisés, qui ont préféré aller placer leur argent ailleurs.

Bref, d’occasions manquées en solutions de confort et paresse généralisée, la classe politique libanaise étale un tel degré d’immaturité que les Libanais en viennent aujourd’hui à se demander s’il n’est pas indécent de continuer, année après année, à célébrer machinalement l’indépendance de leur pays.

Gaby Nasr

Directeur des éditions spéciales 
du quotidien L’Orient-Le Jour


Les interrogations et les peurs sont un devoir humanitaire

Le ministre des Affaires étrangères du Vatican n'a pas annoncé de façon catégorique qu’il n’y aura pas de retour des réfugiés syriens dans leur pays, comme certains voudraient l'expliquer, mais il a déclaré que la communauté internationale n'avait pas l'intention de les ramener dans l’étape actuelle, d'autant plus que l'initiative russe avait échoué et que le Liban ne détient plus que la carte d’un retour timide menée par le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Et s'il semble que ce retour est hésitant et timide, il n’en reste pas moins qu’il est le seul possible et disponible actuellement, jusqu'à ce que les conditions régionales soient clarifiées et qu'une partie des obstacles soit surmontés, car le dossier reste plus politique qu’humanitaire.

Cependant les critiques portées par certaines parties libanaises contre les Nations Unies, accusées d'encourager le non-retour des réfugiés syriens sont mal placées. La Sûreté générale, qui coordonne le retour actuellement, fait face à de grandes difficultés qui lui prennent énormément de temps à étudier les cas et sélectionner les noms, afin de ne pas renvoyer des personnes qui pourraient faire face au danger représenté par le régime de Damas.

C'est ce que font les Nations Unies, quand elles expliquent aux rapatriés les conditions de vie, la disponibilité des éléments vitaux, et déterminent si leur retour se fera dans les mêmes villages et si les maisons ou les abris sont disponibles. Ces questions – et en même temps ces peurs – ne sont que le moindre des devoirs humanitaires pour garantir la vie de ces gens qui, malgré le fardeau qu’ils représentent pour le Liban, ont le droit de vivre dans des conditions humanitaires minimales. Certains d'entre eux n’aspirent peut-être pas à une certaine qualité de vie, mais ils ne réclament pas la mort non plus, ni un deuxième exil au Liban, fuyant un retour sans dignité dans leur pays d'origine. Des conditions au retour sont nécessaires, même si le processus nécessite seulement quelques mois supplémentaires.

Ghassan Hajjar

Rédacteur en chef du quotidien an-Nahar


Les articles, enquêtes, entrevues et autres, rapportés dans ce supplément n’expriment pas nécessairement l’avis du Programme des Nations Unies pour le développement, ni celui de L'Orient-Le Jour, et ne reflètent pas le point de vue du Pnud ou de L'Orient-Le Jour. Les auteurs des articles assument seuls la responsabilité de la teneur de leur contribution.


In the Grip of Immobilism

The Lebanese State deserves a medal for the not-so-glorious distinction of never failing to miss the boat. Missed opportunities are strung like the beads of an immeasurable rosary and no deadline, be it constitutional or simply necessary for basic administrative function, is now met. One would think that the whole country has somehow mysteriously frozen in space and time.

Lebanon has squandered two full years in its search for the President of the Republic. Although parliamentary elections were held last May under a flawed electoral law, the political class is still unable to create a government. And even when a cabinet does see the light of day, its very structure, which is based on permanent consensus, would make it a paralyzed institution, incapable of making any decision.

The country has also missed the boat of effective municipal waste management. Since the outbreak of the crisis two years ago, no viable decision has been made due to conflicts of interest. The only easy-way-out solution proposed relies on landfills whose location is being fiercely negotiated with different community leaders.

There has also been corner-cutting when it comes to power shortages. Nearly 30 years after the end of the war, power rationing is still in place on a large scale and no decision has been made regarding the installation of new plants or, what would be an even better solution, exploring renewable energy options (hydraulic, solar, wind). Finally, a partial and shaky resolution was imposed by renting highly polluting powerships, without even tackling the main issue.

The public authorities’ display of apathy has even extended to the issue of Syrian refugees. Instead of ensuring that they are registered and properly settled in geographically defined camps, the State has subcontracted the problem to NGOs and the UN relief agency. At the same time, red tape has been worse for investors and other wealthy Syrians, who have opted to put their money elsewhere.

In short, there have been missed opportunities in cutting corners and generalized inaction, with the Lebanese political class putting on show such a measure of immaturity that the Lebanese are wondering today whether mechanically celebrating the independence of their country year in year out might be somewhat improper.

Gaby Nasr

Managing Editor - L’Orient-Le Jour supplements


Questions and Concerns Are a Humanitarian Obligation

The Holy See Secretary of State did not declare that Syrian refugees would not return to their homeland definitively, as some would like to interpret. What he did say was that the international community had no intention of returning them at this time, especially that the Russian initiative failed. Lebanon no longer has a card except for the timid return led by the Director General of General Security Major General Abbas Ibrahim. As reluctant and timid as it may seem, this option is the only possible and currently available one until regional conditions are unblocked and untangled, as the issue is rather political than humanitarian. The accusations levelled by Lebanese actors at UN institutions of encouraging non-return are misplaced. The General Security, which is currently coordinating the return, faces great difficulties and the revision and agreeing of names is a time-consuming effort so as not to send back those who could be at risk of retribution from the regime. This is carried out by the United Nations, as it is explaining to the returnees the living conditions and what would be available to them, whether they would be returning to their villages, and whether houses or shelters are available. These questions – which are also concerns – are the minimum humanitarian obligation to be met in trying to secure the life of these refugees, who although may be a burden to Lebanon, have the right to live in humanitarian conditions at the least. Some of them may not be seeking an easy and comfortable life, but they do not wish death nor another return to Lebanon fleeing an undignified return to their homeland. Ensuring proper return conditions is essential, even if the return would be delayed for a few months… only.

Ghassan Hajjar

Editor in Chief - An-Nahar newspaper


The articles, interviews and other information mentioned in this supplement do not necessarily reflect the views of the United Nations Development Programme, of L'Orient-Le Jour, nor of the Pnud. The content of the articles is the sole responsibility of the authors.

L’immobilisme roiL’État libanais peut désormais se parer du titre peu glorieux de champion toutes catégories du ratage du coche. Les occasions manquées s’égrènent tel un chapelet interminable et plus aucune échéance, qu’elle soit constitutionnelle ou simplement de fonctionnement administratif de base, n’est respectée. À croire que mystérieusement le pays tout entier s’est...

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