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À La Une - Témoignage

"Ils lui ont tiré en pleine tête" : en France, la colère de la femme d'Olivier, blessé par une balle de défense

Père de trois enfants, Olivier Béziade, pompier volontaire à Bazas (sud-ouest), est resté inconscient plusieurs jours, avant de sortir du coma dans la nuit de mercredi à jeudi.

Des policiers français anti-émeute munis de lanceurs de balles de défense (LBD), lors d'une manifestation de "gilets jaunes", le 15 décembre 2018 à Paris. Photo AFP / Valery HACHE

Un acte disproportionné, "barbare" et délibéré: Cindy Béziade ne "pardonne pas" à la police déployée face aux "gilets jaunes" samedi dernier à Bordeaux (sud-ouest de la France) d'avoir tiré "en pleine tête" au lanceur de balles de défense (LBD) sur son mari Olivier.

Père de trois enfants, Olivier Béziade, pompier volontaire à Bazas (sud-ouest), est resté inconscient plusieurs jours, avant de sortir du coma dans la nuit de mercredi à jeudi. Dans un message sur Facebook jeudi soir, sa femme a précisé qu'il commençait à "manger" et à "parler" "même si il n'est pas très clair encore".

Tout avait bien commencé samedi 12 janvier à la manifestation bordelaise, a-t-elle raconté à l'AFP. "On marchait tous dans la rue Sainte-Catherine", artère piétonne et principale rue commerçante de l'hypercentre de Bordeaux. Cette ville est un des bastions du mouvement des "gilets jaunes", ces Français des classes moyennes et populaires mobilisés depuis mi-novembre contre la politique sociale et fiscale du président Emmanuel Macron. 



"C'était bon enfant. Il n'y avait aucune casse. Même les commerçants laissaient leurs affaires à l'extérieur", poursuit Cindy Béziade.
Mais avant d'arriver sur la place de la Comédie (centre de Bordeaux), "on a été gazé" (reçu du gaz lacrymogène, NDLR) par les forces de l'ordre, ce qui "a dispersé tout le monde". Elle perd alors son mari.
Ces moments ont été filmés par plusieurs journalistes et vidéastes amateurs. Ces vidéos montrent des policiers casqués, dont certains en civil, d'autres en uniforme avec boucliers et matraques, charger des manifestants dans la rue Sainte-Catherine. Aucune ne montre une menace immédiate contre eux.


(Lire aussi : Répression des manifestations en France : la colère monte contre la police)


"Pas une erreur"

Les "gilets jaunes" reculent ou s'enfuient. A l'angle d'une rue, une vidéo montre un policier qui tire avec son LBD, une arme non-létale utilisée dans les opérations de maintien de l'ordre en France, à hauteur de tête, et un autre qui leur jette une grenade lacrymogène. La caméra se tourne alors vers la droite où, à une dizaine de mètres, un gilet jaune est étendu, dos aux policiers, face contre terre.
C'est Olivier Béziade, blessé à l'arrière de la tête et bientôt secouru par des passants et autres manifestants alors que la police s'est repliée. A ses pieds se trouve une balle de LBD, constate alors une journaliste de l'AFP. Des sources policières évoqueront elles aussi un tir de cette arme.

De retour sur les lieux, Cindy Béziade aperçoit un attroupement autour d'un blessé. "Quand j'ai vu ses chaussures par terre, j'ai compris que c'était lui. Il était là, conscient et dans une mare de sang. Il avait repris connaissance". Il est transporté à l'hôpital où on détecte une hémorragie cérébrale. Il est opéré dans la foulée.

En début de semaine, le préfet de Gironde (sud-ouest) et le parquet ont saisi l'IGPN, la "police des polices" en France, après la diffusion sur les réseaux sociaux des vidéos de l'incident, partagées pour certaines par plus de 100.000 personnes, dont une partie ne cachent pas leur colère envers la police. Celle de Cindy Béziade ne passe pas: "Je ne peux pas laisser cette violence, je suis outrée".
"Ils l'avaient à moins de dix mètres, ils lui tirent en pleine tête (alors que la police a théoriquement interdiction de viser la tête avec un LBD, NDLR), ça ne peut pas être une erreur", souligne-t-elle. "Je ne pardonne pas cet acte barbare, ce n'est pas possible", martèle Mme Béziade. C'était la deuxième fois que le couple manifestait avec les "gilets jaunes" à Bordeaux. La première, "ça c'était bien passé". "Il y avait eu des tirs mais on avait été chanceux. Je me dis finalement que leur technique de tirer sur la foule, c'est la même à chaque fois".


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