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À La Une - Liban

Nasrallah à Netanyahu : Le nouveau gouvernement n'est pas "le gouvernement du Hezbollah"

Le leader chiite assure que le ministre de la Santé n'utiliserait les fonds du ministère que dans l'intérêt de l’État, répondant ainsi aux inquiétudes américaines. 

Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah prononçant un discours, en mai 2017. Capture d'écran

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a rejeté lundi l'affirmation du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, selon laquelle le nouveau gouvernement libanais était "le gouvernement du Hezbollah", soulignant cependant que son parti avait plus de poids au sein du nouveau cabinet qu'il n'en avait jamais eu précédemment. Lors d'un discours retransmis à la télévision, le leader chiite a également assuré que le ministre de la Santé, Jamil Jabak, n'était pas membre du Hezbollah, mais un sympathisant de cette formation et qu'il n'utiliserait les fonds du ministère que dans l'intérêt de l’État, répondant ainsi aux inquiétudes américaines. 

Après plus de huit mois de tractations entre les différentes parties, le Premier ministre libanais Saad Hariri est enfin parvenu jeudi soir à former un nouveau cabinet de trente ministres, dont quatre femmes. Au sein du nouveau cabinet, le Hezbollah dispose de trois portefeuilles : celui de la Santé, dirigé par Jamil Jabak, médecin personnel de Hassan Nasrallah, celui de la Jeunesse et des Sports, à la tête duquel le mandat de Mohammad Fneich a été reconduit, et le ministère d’État pour les Affaires du Parlement, dirigé par Mahmoud Komati.

Lors de son discours, Hassan Nasrallah a rejeté les déclarations faites dimanche par Benjamin Netanyahu qui avait estimé que "le Hezbollah contrôle le gouvernement" libanais. "L'Iran a plusieurs branches et le Hezbollah, qui a intégré le gouvernement libanais, est l'une d'entre elles. Le Hezbollah contrôle le gouvernement, ce qui signifie que l'Iran contrôle le gouvernement libanais", avait déclaré le Premier ministre israélien.

"Il s'agit d'un mensonge, a déclaré le chef du parti chiite. Il y a au sein du cabinet de nombreuses formations et le Hezbollah est l'une d'entre elles, mais certaines formations y sont plus présentes que le Hezbollah". "Notre présence dans ce cabinet est plus importante et essentielle qu'avant, mais cela ne signifie pas que le gouvernement libanais est dirigé par le Hezbollah", a-t-il lancé. "N'appelez donc pas le gouvernement +gouvernement du Hezbollah+", a-t-il souligné. 

M. Nasrallah a encore souligné que "le fait que certaines parties libanaises accusent le gouvernement d'être +le gouvernement du Hezbollah+ ne sert pas du tout les intérêts du Liban".



(Lire aussi : Hariri hausse le ton : Celui qui me fera face devra démissionner)



La Santé attribuée à "une personnalité indépendante"
En ce qui concerne l'attribution du portefeuille de la Santé au Hezbollah, Hassan Nasrallah a souligné que sa formation avait sciemment choisi un ministre qui ne faisait pas partie du parti, après les mises en garde américaines. "Même si c'est un frère et un ami, il s'agit d'une personnalité indépendante", a-t-il affirmé, soulignant avoir fait ce choix "dans l'intérêt du pays, et afin que le ministre ne soit pas limité en ce qui concerne ses voyages, communications ou relations". Le leader chiite a encore souligné que "les finances appartiennent à l’État, aux Libanais, et ne peuvent pas être utilisées dans un cadre sortant de l’État". Il a dans ce contexte souligné que tous les fonds et toutes les dépenses liés au ministère de la Santé seront soumis à la transparence. "Notre intérêt dans ce ministère est humanitaire, populaire et national", a-t-il affirmé, soulignant que le dossier "le plus important pour lequel le ministre va œuvrer est la diminution des prix des médicaments pour l’État et les citoyens et la facilité d'accès aux médicaments pour les maladies chroniques". 

L'attribution au Hezbollah du ministère de la Santé, qui fait l'objet de sanctions de la part des États-Unis, a suscité de nombreuses craintes, tant au niveau local qu'international, que le nouveau ministre Jabak a tenté d'apaiser, en affirmant vendredi qu'il n'appartenait pas au parti chiite. "Je n'appartiens à aucun mouvement politique", avait assuré M. Jabak. "Sur le principe, le Hezbollah a choisi un ministre non-partisan afin d'éviter toute conséquence ou problème qui pourrait survenir au cas où un ministre partisan était nommé, notamment dans le cadre des sanctions américaines", avait-il ajouté.
Samedi, le Premier ministre avait abondé en ce sens et indiqué que les ministres choisis représentent “tout le Liban" et que ce dossier "ne devrait pas causer d'embarras".

Le département d’État américain avait toutefois exprimé la semaine dernière "son inquiétude que le Hezbollah, une organisation désignée comme terroriste par les États-Unis, continue à occuper des postes ministériels et soit autorisé à nommer le ministre de la Santé publique". Un porte-parole de la diplomatie américaine avait appelé le nouveau gouvernement à "s'assurer que les ressources et services mis à disposition de ses ministères ne soutiennent pas le Hezbollah". Quelques heures avant l'annonce de la formation du gouvernement de Saad Hariri, le secrétaire adjoint américain au Trésor pour la Lutte contre le financement du terrorisme, Marshall Billingslea, en visite à Beyrouth, avait lancé une mise en garde aux autorités libanaises sur le dossier du financement du Hezbollah. "Si nous voyons que le Hezbollah tente d’exploiter, comme il en a l’intention, n’importe quel ministère qu’il aura obtenu, pour faire passer de l’argent ou toute autre activité en soutien à son agenda terroriste, nous aurons de graves problèmes avec cela", a-t-il déclaré lors d'un entretien avec des journalistes.



(Lire aussi : Quatre femmes ministres : si peu... pour un record)



Appel au calme et au sérieux
Le chef du Hezbollah a par ailleurs appelé tous les responsables politiques au calme. "Il ne fait aucun doute qu'après près de neuf mois de tractations, nous avons désormais besoin de calme, de reprendre notre souffle et de nous tenir à l'écart des disputes et des tensions médiatiques", a affirmé Hassan Nasrallah. 

Ces derniers jours, le leader druze Walid Joumblatt s'en est violemment pris au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Sur la forme, le leader druze a relevé un empiétement flagrant sur les prérogatives du Premier ministre – et tiré la sonnette d’alarme face à une violation de l’accord de Taëf – avec une large permissivité de Saad Hariri. Sur le fond, il a mis en garde contre le regain d’influence de Damas que la composition du cabinet, telle que souhaitée par Gebran Bassil, a rendu possible. Saad Hariri a réagi à ses attaques en affirmant que toute personne s'opposant à lui "devra démissionner".

Hassan Nasrallah a par ailleurs appelé les ministres à faire de la lutte contre le gaspillage des finances publiques "une priorité" du programme de travail du nouveau cabinet. Il a souligné que la lutte contre la corruption doit être l'affaire de tout le gouvernement, et pas juste d'un seul ministère, alors que le ministère d’État pour la Lutte contre la corruption n'existe plus dans la nouvelle mouture du cabinet. Le leader chiite a encore appelé les membres du nouveau gouvernement à travailler avec sérieux, indiquant que "le Conseil des ministres doit devenir un réel Conseil de prise de décisions essentielles, avec une étude précise des différents points de l'ordre du jour, qui doit être lui-même distribué à l'avance" a-t-il insisté. 

Il a souligné que certains dossiers pour lesquels le nouveau gouvernement doit trouver des solutions sont "très délicats, surtout en ce qui concerne l'économie et les finances". "Les débats concernant les dossiers liés à l'avenir des gens ne doivent pas avoir lieu sur les réseaux sociaux", a-t-il affirmé.

Hassan Nasrallah a enfin souligné l'importance du traité signé entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l’État, Michel Aoun), signé le 6 février 2006. "Cet accord est une avancée importante et historique au niveau national", a-t-il lancé, précisant "tenir fermement à la coopération" entre le parti chiite et le CPL. "Nous espérons que cette alliance deviendra plus large encore", a-t-il ajouté, annonçant qu'il discuterait ce sujet de façon plus approfondie lors d'un discours prévu mercredi.



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commentaires (9)

Le Hezbollah n'a qu'a balayer devant sa porte au lieu d'accusér les autres de corruption

Eleni Caridopoulou

19 h 06, le 12 mars 2019

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Commentaires (9)

  • Le Hezbollah n'a qu'a balayer devant sa porte au lieu d'accusér les autres de corruption

    Eleni Caridopoulou

    19 h 06, le 12 mars 2019

  • PAROLES BALANCEES DU SAYED H.N. ESPERONS QU,IL S,Y CONFORMERA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    23 h 55, le 04 février 2019

  • Tout ce qui arrive de malheureux dans notre région du Proche et Moyent Orient et au Liban est de la faute de l'Occident, vous avez compris ? Irène Saïd

    Irene Said

    21 h 50, le 04 février 2019

  • La blague du jour !!! on vous croit Mossieux le Président !!!! beau miroir aux alouettes

    FAKHOURI

    21 h 44, le 04 février 2019

  • On peut dire ce qu’on veut, il faut des gens pour y croire... Il y en a de moins en moins.

    LeRougeEtLeNoir

    21 h 06, le 04 février 2019

  • Il est inutile de commenter des propos pareils. On commente ce qui est utile, constructif, national et patriotique. Que l'on fasse partie de l'une des branches de l'Iran ou non, la vérité est là sur les routes de Moukhtara, de Beyrouth-Ouest, de Kfar Kila ou de la Galilée sous terre, sur terre ou dans les airs sans consulter l'Etat libanais, le chef de l'Etat libanais, le chef du Gouvernement de l'Etat libanais ou le chef du Parlement de l'Etat libanais.

    Un Libanais

    21 h 01, le 04 février 2019

  • Dans le fond je comprends nathanmachintruc , il a besoin d'avoir quelque chose en main pour convaincre son électorat intérieur qu'il réussit quelque chose contre le chef de la résistance LIBANAISE. Les tunnels, les armes camouflées à l'aéroport, etc... etc.. n'accrochent pas, rien n'y fait, alors il s'isole se désole et se ridiculise. Pendant ce temps là, la résistance du hezb LIBANAIS vole de victoire en VICTOIRE, de succès en succès , avec toutes les sanctions inventées par les occidentaux au chevet du pays USURPATEUR.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 44, le 04 février 2019

  • Moi je me demande simplement qui est vraiment le President du Liban. Vous ne croyez pas que cela aurait ete le role du President Aoun de prendre la parole et non pas laisser le micro a Nasrallah? Mais enfin, il fait quoi notre President sois disant fort????? Pureeee!

    IMB a SPO

    19 h 50, le 04 février 2019

  • On voit les gens tel que l'on est véritablement. C'est qui donc les vrais terroristes?

    Tina Chamoun

    19 h 42, le 04 février 2019

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