L’affaire des blocs de béton, dernier message de Machnouk à Hariri ?

Les blocs de béton placés à des fins sécuritaires depuis 2014 devant le ministère de l’Intérieur dans le quartier de Sanayeh ont été retirés hier à la demande de la nouvelle ministre, Raya el-Hassan, afin de faciliter la circulation. C’est ce qu’a rapporté hier l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). La décision soulage les automobilistes, qui voient ainsi l’artère de sortie du quartier de Hamra, longtemps obstruée par ces blocs, se dégager enfin.

Toujours est-il que le ministre sortant, Nouhad Machnouk, est aussitôt entré en scène pour disputer à celle qui lui a succédé la paternité de cette initiative. Peu après l’annonce par l’ANI du retrait des blocs à la demande de Raya el-Hassan, M. Machnouk a affirmé dans un communiqué avoir lui-même « demandé aux responsables sécuritaires au sein du ministère » de le faire, les causes justifiant leur existence n’étant plus de mise, à savoir les menaces dont il fait l’objet « depuis cinq ans pour s’être investi dans des dossiers de lutte contre le terrorisme ». Comprendre que ces menaces ont pris fin avec son départ, abstraction faite de la nouvelle ministre.

Selon une source proche de Raya el-Hassan à L’Orient-Le Jour, celle-ci n’aurait pu prendre la décision de lever les barrages sans une consultation préalable qu’elle a menée avec les responsables sécuritaires au sein du ministère, seuls habilités à évaluer les risques liés à la sécurité du ministre. Raya el-Hassan aurait pris la décision de lever les blocs, la notifiant « oralement aux intéressés » lundi matin, en prévoyant d’en faire l’annonce aujourd’hui mercredi au cours de la passation des pouvoirs.

Mais le ministre sortant aurait décidé de réagir à vif, avec le temps résiduel lui restant au ministère, pour initier le retrait des blocs de béton, toujours selon la source. Démarche « légère », reconnaît un proche de Nouhad Machnouk, mais qui viserait à renvoyer un message de mécontentement à Saad Hariri, dont répond la nouvelle ministre. Mais le député de Beyrouth n’envisagerait pas pour autant de se désengager du groupe parlementaire du Futur.

Au final, la démarche de Raya el-Hassan lui aura valu une pluie de compliments sur la Toile, dont une réaction politique : le député Fayçal Sayegh (bloc joumblattite) a salué dans un tweet « une initiative imprégnée de civisme (…) » et d’humilité. Un tweet d’autant plus significatif qu’il s’inscrit dans un contexte de querelle entre Saad Hariri et le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, à un moment où celle-ci semble en passe d’être contenue.

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