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Liban - Ministère des Réfugiés

Les craintes de Merhebi et son reproche à Hariri

Le ministère d’État pour les Affaires des réfugiés a échappé au rituel de passation des pouvoirs qui aurait pu avoir lieu entre le ministre sortant Mouïn Merhebi (courant du Futur) et son successeur Saleh Gharib (druze pro-Assad, proche du député Talal Arslane). Le premier a contacté le nouveau ministre samedi dernier pour l’informer que le ministère était désormais à sa disposition sans qu’il n’ait besoin d’une passation formelle des pouvoirs, précise un proche du ministre sortant.

« Nul besoin de formalités, d’autant que l’impression de livrer le réfugié à son bourreau ne me convient pas », a précisé M. Merhebi jeudi dernier dans une interview télévisée.

Selon la source proche du ministre sortant, une polémique ayant pris une dimension « démesurée » a éclaté dans ce contexte entre le camp pro-Assad et M. Merhebi autour du dossier conflictuel du retour des réfugiés syriens. Le ministre sortant défend un retour indissociable d’une solution politique en Syrie. Le camp pro-Assad plaide en revanche pour un retour immédiat en dehors des mécanismes onusiens garants d’un retour digne, sûr et volontaire, que les alliés libanais de Damas, à leur tête d’ailleurs le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, interprètent comme un prélude à une implantation des déplacés syriens au Liban.

Ainsi, les deux partis druzes pro-Assad de Talal Arslane et de l’ancien ministre Wi’am Wahhab, qui font désormais front commun, ont réagi au « faux héroïsme », selon eux, du ministre sortant de passer outre la passation. Le Parti démocratique libanais de Talal Arslane a affirmé que c’est « nous qui n’avons pas l’honneur de faire la passation avec un ministre devenu un symbole de l’implantation des réfugiés ». Et le parti Tawhid, dirigé par l’ancien ministre druze Wi’am Wahhab, de renchérir : « Le ministre Gharib ne serre la main qu’à des personnes dignes. Ainsi, il ne peut serrer la main à une personne comme Mouïn Merhebi qui viole les droits des réfugiés afin de les empêcher de revenir chez eux. »


(Lire aussi : Bassil aux Européens : Pour que les réfugiés syriens ne viennent pas chez vous, il faut qu'ils rentrent chez eux)

Présidant la réunion de son sous-groupe parlementaire, réuni en présence de M. Gharib et du ministre des Déplacés (libanais de la Montagne) Ghassan Atallah, Talal Arslane a précisé que « le dossier des réfugiés est l’une des principales préoccupations du président Michel Aoun, et la présence de M. Gharib à la tête du ministère chargé de ce dossier nous donne espoir qu’il sera mené à bien ».

Mais Mouïn Merhebi exprime à L’Orient-Le Jour les craintes que la prise en charge de ce dossier par des pro-Damas ne cautionne la politique de « purge démographique sur le territoire syrien à laquelle le Hezbollah contribue en grande partie sur le territoire syrien ». Les initiatives isolées de ramener des réfugiés chez eux sous le parrainage de la Sûreté générale sans passer par le HCR se sont révélées stériles. Le régime de Damas a avalisé au compte-gouttes les noms des déplacés à même de rentrer, son intérêt principal étant de faire usage de ce dossier pour initier une normalisation officielle des relations avec le Liban. Le Hezbollah a, quant à lui, assuré le retour de certains réfugiés selon ses calculs. M. Merhebi dénonce ainsi à L’OLJ le fait que le Hezbollah ait supervisé le retour d’un certain nombre de déplacés originaires de Qousseir (devenu le bastion du parti chiite) vers une autre région, en l’occurrence Palmyre.

M. Merhebi se montre circonspect pour ce qui a trait à l’initiative russe de retour des réfugiés, « dont nous avions tenté de saisir la teneur à travers plusieurs réunions bilatérales ». « La seule chose que j’ai contestée est que Moscou tient à ce que le financement de l’initiative ne vienne pas de lui, mais de Washington ou même de l’Union européenne », relève M. Merhebi.

Et d’évoquer enfin, en s’en désolant, « le silence » du Premier ministre Saad Hariri face au « racisme » du ministre des AE Gebran Bassil à l’égard des réfugiés et sa surenchère sur la question du retour. Une surenchère qui l’aide à marquer des points au niveau de sa base – mais aussi à établir des ponts avec Damas. Du reste, il demeure incompréhensible, y compris aux yeux de Mouïn Merhebi, pourquoi « Saad Hariri a arraché le portefeuille des mains de ceux qui défendent le peuple syrien pour le confier à ceux qui l’ont exterminé ».



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Le ministère d’État pour les Affaires des réfugiés a échappé au rituel de passation des pouvoirs qui aurait pu avoir lieu entre le ministre sortant Mouïn Merhebi (courant du Futur) et son successeur Saleh Gharib (druze pro-Assad, proche du député Talal Arslane). Le premier a contacté le nouveau ministre samedi dernier pour l’informer que le ministère était désormais à sa...

commentaires (3)

Bon voyage merhabi, ciao, bye bye..

FRIK-A-FRAK

16 h 13, le 09 février 2019

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Commentaires (3)

  • Bon voyage merhabi, ciao, bye bye..

    FRIK-A-FRAK

    16 h 13, le 09 février 2019

  • LES REFUGIES DEVRAIENT ETRE RAPATRIES CA C,EST SUR. MAIS JE DOUTE SI LE 1PCT Y CONSENTIRAIT SANS DES GARANTIES INTERNATIONALES. DONC, LE MINISTRE MEREHBI A RAISON !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 19, le 09 février 2019

  • mais oui, mais oui, s Hariri, merhebi & son successeur , M Aoun, GB, N Berri, le nouveau cabinet font deja la difference, ont deja fait basculer la balance a ce propos, l'ONU, l'EU, les USA, l'Iran,la Turquie la russie ET assad refont leur comptes et deja tremblent devant eux. OUF ! un probleme en moins.

    Gaby SIOUFI

    11 h 44, le 09 février 2019

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