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Campus - VOLONTARIAT

« La religion est dans l’acte tourné vers autrui »

Au cours de sa licence en droit à l’Université Saint-Joseph (USJ), Liwaa Tarabay s’est engagé auprès de l’Opération 7e jour (O7), une organisation bénévole mise en place par l’université jésuite. Aujourd’hui diplômé, il revient sur cette expérience édifiante.

Convaincu que le droit et les sciences sociales ont pour vocation de faire évoluer la société, Liwaa Tarabay rappelle aussi qu’« un juriste, ce n’est pas seulement un monsieur en costume-cravate qui brasse des milliers de dollars, c’est quelqu’un qui mise sur les problèmes de la société et qui se consacre à les résoudre ».

Liwaa Tarabay est un exemple de ce que peut produire un pays en ruine quand sa survie est menacée. Alors que l’individualisme atteint des sommets au Liban et que les inégalités sociales pullulent sur le bord des routes mal cimentées, des individus s’élèvent à contre-courant et tentent d’amoindrir les dégâts. « Je trouve que beaucoup de gens font preuve d’un égoïsme particulièrement néfaste. Il faut néanmoins continuer à tenter de contribuer à la réduction des inégalités dans le monde », préconise cet humble jeune homme de 22 ans.

En ce qui le concerne, son moyen d’action aura été l’université : dès sa deuxième année de droit à l’USJ, il intègre l’O7, une opération de bénévolat mise en place par l’université en 2006 au moment de la guerre israélo-libanaise. « Pendant la guerre de juillet, le feu père René Chamussy, qui était recteur de l’université à l’époque, a pris conscience que, compte tenu des moyens techniques et humains dont elle disposait et dispose toujours, l’USJ ne pouvait rester indifférente à ce qu’il se passait autour d’elle. Elle a donc créé l’Opération 7e jour afin de contribuer à aider le pays dans ces moments difficiles », explique celui qui deviendra rapidement représentant des étudiants dans le comité de pilotage de l’organisation. « Avec l’USJ, j’ai en fait obtenu deux diplômes : un en droit et l’autre en humanité », s’amuse-t-il.

L’O7, qui ne cessera pas ses activités une fois la guerre terminée, est une vaste et pluridisciplinaire solution aux différents secteurs touchés par toutes sortes de problèmes humains, impliquant toutes les facultés de l’USJ. À cet égard, la faculté de génie contribuera à s’impliquer dans des reconstructions publiques, la faculté de médecine dans la consultation médicale gratuite et celle du droit dans le conseil juridique. Ainsi, l’année passée, alors qu’il est en 4e année, Liwaa Tarabay œuvre au sein d’un dispensaire juridique qui fournit des conseils gratuits à des réfugiés syriens et irakiens. « On leur donnait les informations légales concernant les baux de location, pour que les prioritaires n’abusent pas de leur méconnaissance du système libanais, ou qu’ils ne puissent les mettre à la porte selon leur bon gré. Aussi, on expliquait les formalités, les procédures administratives à suivre pour établir des actes de naissances en bonne et due forme, pour que, quand ces gens-là rentreront en Syrie ou en Irak, l’État soit en mesure de reconnaître leurs enfants, se souvient-il. C’est triste, mais il y a des gens qui ne peuvent se défendre à cause du peu d’argent qu’ils possèdent. Qui gagne aujourd’hui les procès ? Les plus riches ! Informer les plus démunis, c’est déjà un pas vers plus d’équité juridique. »


(Pour mémoire : Les bénévoles de l’Opération 7e jour chaudement remerciés)


L’engagement, une valeur essentielle
Pour Liwaa Tarabay, l’engagement est un choix personnel, fondamental dans la vie d’un individu. Et même si « c’est un devoir », il ne faut pas l’intégrer dans le cursus universitaire comme le font certaines universités américaines, car « ce serait dénaturer le bénévolat. Il faut que l’engagement vienne de soi. C’est quelque chose qui est intérieur et qui se dirige vers l’extérieur. Quand on donne de soi à autrui, on fait des sacrifices, et c’est là une des valeurs humaines parmi les plus importantes pour moi. Sortir de l’ego, du soi, pour se tourner vers autrui, c’est ce qu’il y a de plus élevé chez l’humain ».

Renouant avec une des étymologies du mot religion (de nombreux penseurs considèrent en effet qu’il vient du latin religare, signifiant relier), Liwaa Tarabay professerait presque : « Engagez-vous, vous allez comprendre la vérité avec un grand V. La religion pour moi, elle est véritablement là, dans l’acte tourné vers autrui. » Convaincu que le droit et les sciences sociales ont pour vocation de faire évoluer la société, il rappelle aussi que « un juriste, ce n’est pas seulement un monsieur en costume-cravate qui brasse des milliers de dollars, c’est quelqu’un qui mise sur les problèmes de la société et qui se consacre à les résoudre ». Remerciant l’USJ qui, avec l’O7, contribue pleinement « à l’amélioration de la société dans laquelle elle est implantée », Liwaa Tarabay insiste néanmoins sur le fait que le chemin est encore long : « Dans une société comme la nôtre, il faut absolument que les juristes se tournent vers les défavorisés et les marginalisés. Au Liban, le droit opprime davantage les opprimés qu’il ne les sert. »

Pour mémoire

Les 10 ans de la célèbre « Opération 7e jour »




Liwaa Tarabay est un exemple de ce que peut produire un pays en ruine quand sa survie est menacée. Alors que l’individualisme atteint des sommets au Liban et que les inégalités sociales pullulent sur le bord des routes mal cimentées, des individus s’élèvent à contre-courant et tentent d’amoindrir les dégâts. « Je trouve que beaucoup de gens font preuve d’un égoïsme...

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