Attendu aujourd’hui à Beyrouth, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, vient revendiquer haut et fort la place que continuent d’occuper les États-Unis sur l’échiquier libanais face à la montée en puissance du Hezbollah.
M. Pompeo, qui devra rencontrer plusieurs responsables libanais (le chef de l’État, le président de la Chambre, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères) ainsi que des personnalités issues de divers camps politiques lors d’un dîner prévu ce soir au domicile du député de Zghorta Michel Moawad, a pris soin de donner le ton de sa visite bien avant son arrivée.
En déclarant tout d’abord, depuis Israël où il se trouvait hier dans le cadre de sa tournée, qu’« il regrette le fait que l’ancienne administration américaine ait fait montre d’indulgence en s’abstenant de freiner le Hezbollah », le responsable américain a rappelé on ne peut plus clairement l’objectif de sa tournée à Beyrouth : poursuivre la politique d’endiguement de l’Iran et de son bras armé libanais inaugurée par son administration.
« Nous n’échouerons pas dans notre entreprise visant à réduire l’influence de l’Iran en Irak, en Syrie et au Yémen », a encore dit M. Pompeo quelques heures avant son départ pour le Liban. Une détermination qui avait été communiquée il y a quelque temps par ses deux adjoints, le sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, venu, il y a deux semaines, préparer la tournée de M. Pompeo dans la région (tout en esquivant l’étape de Baabda), et auparavant, le sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires politiques, David Hale. L’un et l’autre avaient tenu des propos assez durs à l’égard du Hezbollah, critiquant son emprise ascendante sur la scène libanaise.
M. Satterfield avait mis en garde les responsables libanais qu’il avait rencontrés contre d’éventuels mauvais choix que le Liban pourrait être amené à prendre, disant sur un ton ferme que le Liban ne saurait dériver encore plus en direction de l’axe iranien. « Nous adapterons notre politique en fonction des choix qui seront faits par le Liban, choix qui seront, nous l’espérons, positifs, non seulement dans notre intérêt mais dans l’intérêt du Liban et de son peuple, et pas dans l’intérêt de parties étrangères », avait ainsi déclaré M. Satterfield. Avant lui, M. Hale avait jugé, à la mi-janvier, inacceptable qu’il y ait « une milice agissant en dehors du giron de l’État », estimant que le Hezbollah constitue une menace à la stabilité.
(Lire aussi : Face à l’ambassade américaine à Awkar, la manif rituelle « anti-impérialiste »)
Couper le cordon
C’est à un durcissement de ton similaire que l’on devrait s’attendre aujourd’hui de la part du chef de la diplomatie américain, qui compte vraisemblablement maintenir le même niveau de pression exercée par son gouvernement sur les responsables libanais.
C’est ce qu’avait laissé entendre M. Pompeo en début de semaine, réitérant la détermination de son administration à œuvrer en vue de couper le cordon qui relie le parti chiite à certaines formations libanaises. « Nous allons passer beaucoup de temps à dialoguer avec le gouvernement libanais sur les moyens que nous pouvons mettre à sa disposition pour l’aider à couper le fil que l’Iran et le Hezbollah lui tendent », avait déclaré le secrétaire d’État devant les médias.
La mission ardue du chef de la diplomatie américaine « pourrait rencontrer une résistance même parmi les alliés des États-Unis, qui craignent qu’en forçant la pression, cela pourrait provoquer une réaction hostile (de la part du Hezbollah) mettant en danger un pays à la paix fragile », notait néanmoins hier le Washington Post dans un article.
C’est un message similaire qui avait été transmis à M. Satterfield lors de son escale beyrouthine où il a fait preuve de « réalisme et de compréhension » par rapport à la complexité de l’échiquier libanais et ses équilibres fragiles, comme l’avaient noté ceux qui l’avaient rencontré. Conscient des limites du jeu, le sous-secrétaire d’État devait se contenter d’encourager les forces souverainistes à faire en sorte que « le Liban ne dérive pas plus qu’il ne l’a fait à ce jour vers l’axe iranien », comme l’avait alors relevé un observateur.
(Lire aussi : Le Hezbollah menace la stabilité du Moyen-Orient, affirme Pompeo en Israël)
« Point final »
Convié ce soir à un dîner auquel a été invitée une palette de personnalités politiques représentant diverses formations, dont le CPL et le mouvement Amal, ainsi que les représentants des instances économiques, M. Pompeo pourrait à son tour entendre ce son de cloche misant sur « l’importance que la politique américaine puisse être un investissement dans la stabilité du Liban », comme le confie une source politique informée. La rencontre sera l’occasion pour les convives d’échanger autour de dossiers ponctuels intéressant différents secteurs de l’économie libanaise, à leur tête celui du gaz et du pétrole, explique en substance la source.
Selon des sources concordantes, M. Pompeo devrait également évoquer lors de ses entretiens officiels la question du contentieux sur les frontières maritimes entre le Liban et Israël autour de l’exploitation des ressources d’hydrocarbures offshore. Ce litige découle du fait que l’État hébreu a décidé en 2011 d’officialiser sa zone économique exclusive en empiétant d’environ 850 km² sur celle déclarée un an plus tôt par Beyrouth à l’ONU.
Pour le secrétaire général du Groupe parlementaire transatlantique sur le contre-terrorisme (TAG) et ancien conseiller de Donald Trump en politique étrangère durant la campagne présidentielle américaine Walid Pharès, M. Pompeo ne vient pas au Liban avec une nouvelle stratégie. « Il tentera tout simplement de pousser plus avant la stratégie traditionnelle de l’administration. » Concrètement, le secrétaire d’État devra réitérer son soutien à l’armée libanaise d’une part, tout en poursuivant la politique de pression, certains diront celle de « la carotte et du bâton », pour dissocier le gouvernement du Hezbollah.
« Je ne pense pas qu’il pourra réaliser ses objectifs, non pas à cause du Hezbollah en tant que tel, mais tout simplement parce que ce dernier contrôle le gouvernement. Cette politique n’avait pas fonctionné par le passé et ne fonctionnera pas aujourd’hui », commente M. Pharès.
Son constat rejoint d’ailleurs celui des milieux du Hezbollah. Des sources proches du parti chiite citées par l’agence al-Markaziya ont affirmé que M. Pompeo « n’apporte aucune solution aux crises libanaises qui seront évoquées devant lui, tout simplement parce qu’il ne détient pas la solution. Il vient simplement inciter contre l’Iran et le Hezbollah. Point à la ligne ».
Une déclaration qui semble une réplique claire aux propos que venait de tenir de son côté M. Pompeo depuis Jérusalem : « Le Hezbollah est une organisation terroriste. Vous me demandez à quel point je vais être dur? C’est une organisation terroriste. Point final. »
Lire aussi
Pompeo et Netanyahu unis contre l'Iran, les élections israéliennes en toile de fond
Pompeo à Beyrouth : trois dossiers à hauts risques, le décryptage de Scarlett HADDAD
L’Irak, nouvel « eldorado » diplomatique du Moyen-Orient
Pompeo vendredi prochain à Beyrouth, porteur d’un dossier lourd, celui du Hezbollah
Pour mémoire
Les USA et l’influence du Hezbollah au Liban..., le décryptage de Scarlett HADDAD
Pompeo : Au Liban, la présence du Hezbollah reste majeure. Mais nous n’accepterons pas ce statu quo
commentaires (7)
qui a sauve le liban en 1958 :Les marines Americains qui a arrette les Israeliens en 1982 et negocie le depart des militaires palestiniens du Liban ,les USA avec un negociateur Americo-Libanais d'origine M Habib qui a perdu 236 marines qui venaient garantir la paix au Liban : Les USA ( les Francais Aussi 86 soldats ) ET ON VEUT FAIRE CROIRE QUE LES USA SONT LES ENNEMIS DU LIBAN CAR IL DEFENDE UNE CAUSE : IL EST INNACEPTABLE QUE DANS UN PAYS IL Y AIT DES MILICES ARMEES QUI CONTROLE LE PAYS ET SE PERMETTENT DE DECIDER D'UNE GUERRE QUAND ELLES VEULENT, QUI S'ENGAGENT DANS DES BATAILLES EN SYRIE AU YEMEN OU DANS TOUT AUTRE PAYS TRUMP A CHANGE LA DONNE. SI ON VEUT ETRE AVEUGLE ET CONTINUER A FAIRE L'AUTRUCHE ON PERDRA SUREMENT CAR LES SANCTIONS QUI PLEUVERONT SUR LE LIBAN AURONT UN IMPACT TERRIFIANT SUR LE PEUPLE PARLONS AVEC HN ET CONVAINCONS LE DE FAIRE METTRE SA MILICE DANS L'ARMEE POUR LA RENFORCER SINON ON REGRETTERA MALHEUREUSEMENT NOTRE MANQUE DE DECISION ET D'ACTION ET IL SERA TROP TARD D'ailleurs c'est la troisieme visite d'un haut place Americain sur le meme sujet ON NE POURRA PAS DIRE SI ON NE FAIT RIEN ET QUE LA CATASTROPHE ARRIVE QUE NOUS N'AVONS PAS ETE AVERTI: OU EST L'ADAGE QUI DIT QU'UNE PERSONNE AVERTIE EN VAUX DEUX? L'Amerique de Trump n'est pas celle d'Obama ,on devrait se le rappeler et agir en consequent
LA VERITE
12 h 37, le 22 mars 2019