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Économie - focus

Électricité : que prévoit le plan de Nada Boustani ?

Une hausse de 180 % des tarifs d’EDL est prévue début 2020, parallèlement à une hausse de la production.


La centrale de Zouk. Photo d'archives PHB

La ministre de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani, a présenté hier lors d’une conférence de presse les grandes lignes de son plan pour la réforme du secteur de l’électricité, dont L’Orient-Le Jour a pu consulter une copie (incomplète). Quelques heures auparavant, ce plan avait été discuté en Conseil des ministres, qui a décidé de former une commission interministérielle chargée de l’examiner et de lui soumettre son rapport là-dessus dans une semaine.

Hausse des tarifs d’EDL début 2020

Le plan Boustani prévoit, début 2020, une augmentation de 180 % des tarifs d’Électricité du Liban, figés depuis 1994 et subventionnés depuis. Cette mesure prend en compte une hausse de la production (voir ci-dessous) la même année et donc une suppression totale des factures de générateurs pour les usagers. Ainsi, pour la première catégorie de tarification (la plus basse), qui concerne 375 690 usagers consommant en moyenne 510 kWh/mois, la facture mensuelle d’EDL sera en moyenne de 110 744 livres (environ 74 dollars) en 2020, soit une baisse de 14,5 % par rapport à la facture totale actuelle (incluant celle des générateurs). Quant à la cinquième catégorie (la plus haute), qui concerne 38 843 usagers consommant en moyenne 2 150 kWh/mois, la facture mensuelle d’EDL sera en moyenne de 466 863 livres (environ 310 dollars) en 2020, soit une baisse de 10,7 % par rapport à la facture totale actuelle.

Le déficit d’EDL en 2018 est estimé à 1,8 milliard de dollars, tandis que son déficit cumulé atteint les 30 milliards de dollars. La hausse des tarifs devrait donc avoir un impact positif direct sur le déficit d’EDL et par conséquent sur les finances publiques, puisque les transferts du Trésor à EDL pour combler ce déficit représentent le troisième poste de dépense publique. La baisse du déficit public est l’un des principaux engagements pris par le Liban durant la CEDRE afin de pouvoir bénéficier des onze milliards de dollars de prêts bonifiés promis par la communauté internationale.

Mais avant de procéder à la hausse des tarifs, une réduction du déficit d’EDL pourra être enregistrée dès 2019 puisque le plan prévoit une amélioration de la collecte (EDL prévoit à terme le recouvrement de près de deux milliards de dollars de factures impayées) et l’installation de compteurs intelligents à partir de 2019. Les pertes non techniques (vols et branchements illégaux) sont évaluées à 21 % de la production. Une modernisation et une extension du réseau de transport et de distribution, également prévues par le plan, permettraient de remédier aux pertes techniques qui représentent, elles, 16 % de la production.


(Pour mémoire : Boustani lie le déficit public à la tarification figée d’EDL)


Hausse de la production

Le plan Boustani prévoit également le lancement d’un nouvel appel d’offres pour la signature d’accords d’achat d’énergie à long terme (power purchase agreement). Les entreprises intéressées devront à la fois proposer une solution pour assurer une hausse de la production de 1 450 MW (mégawatts) supplémentaires à court terme (soit avant l’entrée en vigueur de la hausse des tarifs d’EDL et jusqu’en 2025) et une solution à long terme, à travers la construction de nouvelles centrales durables à Selaata (550 MW en 2023), Zahrani 2 (550 MW en 2023) et Hraiché (300 MW en 2024). Selon nos informations, l’alternative envisagée (à la location d’un navire-centrale supplémentaire, qui reste d’actualité) pour assurer une production supplémentaire à court terme serait l’installation de 14 à 16 petites unités de production de gaz butane (180 MW chacune) dans différentes régions du Liban. Le choix de ces installations, qui devraient nécessiter entre trois et six mois de travaux, pour la solution temporaire a été recommandé par la Banque mondiale et sera probablement privilégié dans les candidatures potentielles de GE ou encore de Siemens, qui ont déjà entamé leurs discussions avec le ministère de l’Énergie.

Le plan prévoit aussi la réhabilitation de la centrale Deir Ammar 2 en 2019 afin qu’elle puisse être partiellement fonctionnelle en 2021 et totalement en 2022 ; la construction et mise en fonction des nouvelles centrales de Zouk 2 (550 MW en 2025) et Jiyé 2 (550 MW en 2026) ; et le développement des parcs solaire (300 MW en 2022) et éolien (400 MW en 2023). La mise en fonction des trois unités flottantes de stockage et de transformation du gaz liquéfié (FSRU) dans les centrales de Deir Ammar 2, Selaata et Zahrani 2 est prévue pour 2021. En parallèle, un démantèlement des anciennes centrales de Hraiché (en 2020), de Zouk et Jiyé (en 2022) est prévu, ainsi que l’abandon du recours en 2022 aux deux actuels navires-centrales qui assurent actuellement une production de 370 MW.


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La ministre de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani, a présenté hier lors d’une conférence de presse les grandes lignes de son plan pour la réforme du secteur de l’électricité, dont L’Orient-Le Jour a pu consulter une copie (incomplète). Quelques heures auparavant, ce plan avait été discuté en Conseil des ministres, qui a décidé de former une commission interministérielle...

commentaires (10)

Avec sérénité et beaucoup d'amitiés je "précise", que je me permets de commenter ce sujet, parceque je suis technicien en électrotechnique (à mon compte) diplômé en France justement en basse et très faible tension...(les maisons, immeubles et locaux industriels), (CERTIFICATION DE TRÈS NOMBREUX LOCAUX ET MAISONS, NEUF ET EN RÉNOVATION, PAR CONSUEL, VERITAS ET SOCOTEC) l'EDL avec ses 58 postes de transformation et ses 15 000 postes de distribution ainsi que "EN FRANCE L'EDF" avec l'ensemble du territoire français, n'ont jamais distribué une tension invariable de 220v ....pour une raison simple : Il est impossible techniquement de distribuer une telle tension invariable en alternatif... malgré toute la technologie moderne. j'insiste pour éclairer nos chers lecteurs qu'en électricité il est normal que dans un quartier d'une rue à d'autres et d'une heure de la journée à une autre? la tension distribuée par les fournisseurs d'énergie change.... (au Liban, aussi bien, qu'en France) et c'est normal. Enfin une autre précision de technicien : En France la tension 220v n'existe plus depuis une trentaine d'années .... Entre les années 80 les ménages et les industriels en France recevaient du 230 et depuis une vingtaines d'années la tension de référence est montée à 240v ...avec des crêtes de 245v Mes amitiés à toutes et à tous

Sarkis Serge Tateossian

16 h 51, le 23 mars 2019

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Commentaires (10)

  • Avec sérénité et beaucoup d'amitiés je "précise", que je me permets de commenter ce sujet, parceque je suis technicien en électrotechnique (à mon compte) diplômé en France justement en basse et très faible tension...(les maisons, immeubles et locaux industriels), (CERTIFICATION DE TRÈS NOMBREUX LOCAUX ET MAISONS, NEUF ET EN RÉNOVATION, PAR CONSUEL, VERITAS ET SOCOTEC) l'EDL avec ses 58 postes de transformation et ses 15 000 postes de distribution ainsi que "EN FRANCE L'EDF" avec l'ensemble du territoire français, n'ont jamais distribué une tension invariable de 220v ....pour une raison simple : Il est impossible techniquement de distribuer une telle tension invariable en alternatif... malgré toute la technologie moderne. j'insiste pour éclairer nos chers lecteurs qu'en électricité il est normal que dans un quartier d'une rue à d'autres et d'une heure de la journée à une autre? la tension distribuée par les fournisseurs d'énergie change.... (au Liban, aussi bien, qu'en France) et c'est normal. Enfin une autre précision de technicien : En France la tension 220v n'existe plus depuis une trentaine d'années .... Entre les années 80 les ménages et les industriels en France recevaient du 230 et depuis une vingtaines d'années la tension de référence est montée à 240v ...avec des crêtes de 245v Mes amitiés à toutes et à tous

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 51, le 23 mars 2019

  • Une correction à la précision : EDF fournit sur tout le territoire français et en tous points du courant électrique dont la tension est de 220V invariable quelque soit le point de livraison avec une fréquence précise de 50 Hz, alors la justification que la tension peut varier en fonction du lieu est une explication pour épiciers et pas pour des scientifiques

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 49, le 23 mars 2019

  • Fermer la centrale de Zouk. Vendre ce fabuleux terrain en bord de mer. Avec le prix de la vente, construire deux centrales modernes dans une zone retirée (anciennes carrières?). CQFD

    Gros Gnon

    15 h 19, le 22 mars 2019

  • Le plan Boustani prévoit, début 2020 une hausse de la production (voir ci-dessous) la même année et donc une suppression totale des factures de générateurs pour les usagers, une solution pour ASSURER UNE HAUSSE de la production de 1 450 MW (mégawatts) supplémentaires à court terme (soit avant l’entrée en vigueur de la hausse des tarifs d’EDL ( DONC DEBUT 2020 ) ....ainsi que l’abandon du recours en ((2022)) aux deux actuels navires-centrales? POURQUOI DONC garder ce recours jusqu'en 2022 si deja debut 2020 on aurar assure 1450 MW additionnels suffisants pour combler le deficit de production ?

    Gaby SIOUFI

    12 h 08, le 22 mars 2019

  • La seconde photo ne correspond pas à l'article...

    Christian Samman

    10 h 46, le 22 mars 2019

  • Une précision entre lecteurs (pour information) La tension ne sera jamais stable à 100 % . Selon que vous soyez près d'un transformateur électrique ou éloignés vous aurez une tension de 230v ou de 190v. Et si dans votre quartier peu de gens consomment l'électricité vous pouvez même avoir des pointes de 240v... L'idéal pour vos appareils est la tension de 220 à 230v. Bonne journée à tous les lecteurs et lectrices.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 45, le 22 mars 2019

  • euhh, 2020 ou 20200 ?

    Eddy

    09 h 23, le 22 mars 2019

  • ON TOURNE ET ON RETOURNE AUX BARGES TURQUES DE LA LATTA ET DU SCANDALE. A NOTER QUE QUATRE A CINQ UNITES DE CES BARGES SONT DESARMEES ET EN RADE D,ELEFSIS EN GRECE DEPUIS LONGTEMPS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 57, le 22 mars 2019

  • Plan ambitieux et certainement réalisable si tous les concernés se mettent au travail comme Madame La Ministre. Cependant, une question semble être oubliée dans cet article: produire d’avantage d’électricité est en effet indispensable, encore faut il la transporter pour la faire arriver jusqu’au consommateur à un voltage stable (220V et non entre 190V et 240V) avec une fréquence super stable de 50 Hz, et c’est là où les choses se compliquent. L’etat du réseau électrique ainsi que celui des stations de transformation est catastrophique, preuve est que le courant se coupe de longues heures au premier orage ou à la première pluie. Dans ce cas, pourra-t-on vraiment se passer des groupes électrogènes ? Sans doute pas, ainsi les calculs des factures tels que mentionnés dans votre article ne sont donc pas exacts.

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 00, le 22 mars 2019

  • Sans entrer dans les détails, ce plan semble assez bon, mais il va se heurter à un problème de taille la suppression des branchements illégaux et la pose de compteurs dans toutes les régions, sans exception. Nous avons vu, dans le passé, des employés de l'EDL, même accompagnés d'agents des FSI, se faire tabasser pour avoir tenté de débrancher des câbles illégaux dans la banlieue Sud. Les habitants de ces quartiers qui, de mémoire d'homme, n'ont jamais payé une piastre à la compagnie, ni même vu l'ombre d'un compteur, vont-ils se laisser faire?

    Yves Prevost

    06 h 57, le 22 mars 2019

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